POURLES PHARMACIENS. Automne : les poux des animaux sont-ils aussi de retour ? S'abonner. Se connecter. Connectez-vous. Email Mot de passe. Mot de passe oublié ? Se connecter. Vous n'avez pas encore de compte ? Inscrivez-vous. Partager via. Partager sur Facebook. Facebook . Partager sur Twitter. Twitter. Partager sur Linkedin. Linkedin. Partager Ensavoir plus sur l'endroit où les poux viennent, ainsi que les bases de la transmission. Vous pouvez vous demander où les poux de tête origine, et pourquoi ils affectent les êtres humains. En savoir plus sur l'endroit où les poux viennent, ainsi que les bases de la transmission. Accueil Symptôme évaluations de la santé Parenting spondylarthrite ankylosante Infos santé Lesarchives par sujet : u8 u9 g1 plateau Recherche de Territoires Recherche d'Annonces Recherche d'Évenements Le blog - l'actualité territoriale Se connecter Contribuer ! Recherche de Territoires Recherche d'Évenements Se connecter Contribuer ! 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Leur front se penche, encore alourdi par le rêve, Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève... - Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux ; Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux ; Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse, Laissant traÃner les plis de sa robe neigeuse, Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant... II Or les petits enfants, sous le rideau flottant, Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure. Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure... Ils tressaillent souvent à la claire voix d'or Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor Son refrain métallique et son globe de verre... - Puis, la chambre est glacée...on voit traÃner à terre, Épars autour des lits, des vêtements de deuil L'âpre bise d'hiver qui se lamente au seuil Souffle dans le logis son haleine morose ! On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose... - Il n'est donc point de mère à ces petits enfants, De mère au frais sourire, aux regards triomphants ? Elle a donc oublié, le soir, seule et penchée, D'exciter une flamme à la cendre arrachée, D'amonceler sur eux la laine de l'édredon Avant de les quitter en leur criant pardon. Elle n'a point prévu la froideur matinale, Ni bien fermé le seuil à la bise hivernale ?... - Le rêve maternel, c'est le tiède tapis, C'est le nid cotonneux où les enfants tapis, Comme de beaux oiseaux que balancent les branches, Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches !... - Et là , - c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur, Où les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur ; Un nid que doit avoir glacé la bise amère... III Votre coeur l'a compris - ces enfants sont sans mère. Plus de mère au logis ! - et le père est bien loin !... - Une vieille servante, alors, en a pris soin. Les petits sont tout seuls en la maison glacée ; Orphelins de quatre ans, voilà qu'en leur pensée S'éveille, par degrés, un souvenir riant... C'est comme un chapelet qu'on égrène en priant - Ah ! quel beau matin, que ce matin des étrennes ! Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes Dans quelque songe étrange où l'on voyait joujoux, Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux, Tourbillonner, danser une danse sonore, Puis fuir sous les rideaux, puis reparaÃtre encore ! On s'éveillait matin, on se levait joyeux, La lèvre affriandée, en se frottant les yeux... On allait, les cheveux emmêlés sur la tête, Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête, Et les petits pieds nus effleurant le plancher, Aux portes des parents tout doucement toucher... On entrait !... Puis alors les souhaits... en chemise, Les baisers répétés, et la gaieté permise ! IV Ah ! c'était si charmant, ces mots dits tant de fois ! - Mais comme il est changé, le logis d'autrefois Un grand feu pétillait, clair, dans la cheminée, Toute la vieille chambre était illuminée ; Et les reflets vermeils, sortis du grand foyer, Sur les meubles vernis aimaient à tournoyer... - L'armoire était sans clefs !... sans clefs, la grande armoire ! On regardait souvent sa porte brune et noire... Sans clefs !... c'était étrange !... on rêvait bien des fois Aux mystères dormant entre ses flancs de bois, Et l'on croyait ouïr, au fond de la serrure Béante, un bruit lointain, vague et joyeux murmure... - La chambre des parents est bien vide, aujourd'hui Aucun reflet vermeil sous la porte n'a lui ; Il n'est point de parents, de foyer, de clefs prises Partant, point de baisers, point de douces surprises ! Oh ! que le jour de l'an sera triste pour eux ! - Et, tout pensifs, tandis que de leurs grands yeux bleus, Silencieusement tombe une larme amère, Ils murmurent "Quand donc reviendra notre mère ?" ...................................................... V Maintenant, les petits sommeillent tristement Vous diriez, à les voir, qu'ils pleurent en dormant, Tant leurs yeux sont gonflés et leur souffle pénible ! Les tout petits enfants ont le coeur si sensible ! - Mais l'ange des berceaux vient essuyer leurs yeux, Et dans ce lourd sommeil met un rêve joyeux, Un rêve si joyeux, que leur lèvre mi-close, Souriante, semblait murmurer quelque chose... - Ils rêvent que, penchés sur leur petit bras rond, Doux geste du réveil, ils avancent le front, Et leur vague regard tout autour d'eux se pose... Ils se croient endormis dans un paradis rose... Au foyer plein d'éclairs chante gaiement le feu... Par la fenêtre on voit là -bas un beau ciel bleu ; La nature s'éveille et de rayons s'enivre... La terre, demie-nue, heureuse de revivre, A des frissons de joie aux baisers du soleil... Et dans le vieux logis tout est tiède et vermeil Les sombres vêtements ne jonchent plus la terre, La bise sous le seuil a fini par se taire... On dirait qu'une fée a passé dans cela !... - Les enfants, tout joyeux, ont jeté deux cris... Là , Près du lit maternel, sous un beau rayon rose, Là , sur le grand tapis, resplendit quelque chose... Ce sont des médaillons argentés, noirs et blancs, De la nacre et du jais aux reflets scintillants ; Des petits cadres noirs, des couronnes de verre, Ayant trois mots gravés en or "A NOTRE MERE !" ..................................................... Sensation Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue Rêveur, j'en sentirai la fraÃcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien Mais l'amour infini me montera dans l'âme, Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, - heureux comme avec une femme. Mars 1870. Soleil et chair I Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie, Verse l'amour brûlant à la terre ravie, Et, quand on est couché sur la vallée, on sent Que la terre est nubile et déborde de sang ; Que son immense sein, soulevé par une âme, Est d'amour comme Dieu, de chair comme la femme, Et qu'il renferme, gros de sève et de rayons, Le grand fourmillement de tous les embryons ! Et tout croÃt, et tout monte ! - O Vénus, ô Déesse ! Je regrette les temps de l'antique jeunesse, Des satyres lascifs, des faunes animaux, Dieux qui mordaient d'amour l'écorce des rameaux Et dans les nénuphars baisaient la Nymphe blonde ! Je regrette les temps où la sève du monde, L'eau du fleuve, le sang rose des arbres verts Dans les veines de Pan mettaient un univers ! Où le sol palpitait, vert, sous ses pieds de chèvre ; Où, baisant mollement le clair syrinx, sa lèvre Modulait sous le ciel le grand hymne d'amour ; Où, debout sur la plaine, il entendait autour Répondre à son appel la Nature vivante ; Où les arbres muets, berçant l'oiseau qui chante, La terre berçant l'homme, et tout l'Océan bleu Et tous les animaux aimaient, aimaient en Dieu ! Je regrette les temps de la grande Cybèle Qu'on disait parcourir, gigantesquement belle, Sur un grand char d'airain, les splendides cités ; Son double sein versait dans les immensités Le pur ruissellement de la vie infinie. L'Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie, Comme un petit enfant, jouant sur ses genoux. - Parce qu'il était fort, l'Homme était chaste et doux. Misère ! Maintenant il dit Je sais les choses, Et va, les yeux fermés et les oreille closes. - Et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux ! l'Homme est Roi, L'Homme est Dieu ! Mais l'Amour, voilà la grande Foi ! Oh ! si l'homme puisait encore à ta mamelle, Grande mère des dieux et des hommes, Cybèle ; S'il n'avait pas laissé l'immortelle Astarté Qui jadis, émergeant dans l'immense clarté Des flots bleus, fleur de chair que la vague parfume, Montra son nombril rose où vint neiger l'écume, Et fit chanter, Déesse aux grands yeux noirs vainqueurs, Le rossignol aux bois et l'amour dans les coeurs ! II Je crois en toi ! Je crois en toi ! Divine mère, Aphrodite marine ! - Oh ! la route est amère Depuis que l'autre Dieu nous attelle à sa croix ; Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c'est en toi que je crois ! - Oui, l'Homme est triste et laid, triste sous le ciel vaste. Il a des vêtements, parce qu'il n'est plus chaste, Parce qu'il a sali son fier buste de dieu, Et qu'il a rabougri, comme une idole au feu, Son corps Olympien aux servitudes sales ! Oui, même après la mort, dans les squelettes pâles Il veut vivre, insultant la première beauté ! - Et l'Idole où tu mis tant de virginité, Où tu divinisas notre argile, la Femme, Afin que l'Homme pût éclairer sa pauvre âme Et monter lentement, dans un immense amour, De la prison terrestre à la beauté du jour, La Femme ne sait plus même être Courtisane ! - C'est une bonne farce ! et le monde ricane Au nom doux et sacré de la grande Vénus ! III Si les temps revenaient, les temps qui sont venus ! - Car l'Homme a fini ! l'Homme a joué tous les rôles ! Au grand jour, fatigué de briser des idoles Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux, Et, comme il est du ciel, il scrutera les cieux ! L'idéal, la pensée invincible, éternelle, Tout ; le dieu qui vit, sous son argile charnelle, Montera, montera, brûlera sous son front ! Et quand tu le verras sonder tout l'horizon, Contempteur des vieux jougs, libre de toute crainte, Tu viendras lui donner la Rédemption sainte ! - Splendide, radieuse, au sein des grandes mers Tu surgiras, jetant sur le vaste Univers L'Amour infini dans un infini sourire ! Le Monde vibrera comme une immense lyre Dans le frémissement d'un immense baiser ! - Le Monde a soif d'amour tu viendras l'apaiser. .................................................... O ! L'Homme a relevé sa tête libre et fière ! Et le rayon soudain de la beauté première Fait palpiter le dieu dans l'autel de la chair ! Heureux du bien présent, pâle du mal souffert, L'Homme veut tout sonder, - et savoir ! La Pensée, La cavale longtemps, si longtemps oppressée S'élance de son front ! Elle saura Pourquoi !... Qu'elle bondisse libre, et l'Homme aura la Foi ! - Pourquoi l'azur muet et l'espace insondable ? Pourquoi les astres d'or fourmillant comme un sable ? Si l'on montait toujours, que verrait-on là -haut ? Un Pasteur mène-t-il cet immense troupeau De mondes cheminant dans l'horreur de l'espace ? Et tous ces mondes-là , que l'éther vaste embrasse, Vibrent-ils aux accents d'une éternelle voix ? - Et l'Homme, peut-il voir ? peut-il dire Je crois ? La voix de la pensée est-elle plus qu'un rêve ? Si l'homme naÃt si tôt, si la vie est si brève, D'où vient-il ? Sombre-t-il dans l'Océan profond Des Germes, des Foetus, des Embryons, au fond De l'immense Creuset d'où la Mère-Nature Le ressuscitera, vivante créature, Pour aimer dans la rose, et croÃtre dans les blés ?... Nous ne pouvons savoir ! - Nous sommes accablés D'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères ! Singes d'hommes tombés de la vulve des mères, Notre pâle raison nous cache l'infini ! Nous voulons regarder - le Doute nous punit ! Le doute, morne oiseau, nous frappe de son aile... - Et l'horizon s'enfuit d'une fuite éternelle !... ....................................................... Le grand ciel est ouvert ! les mystères sont morts Devant l'Homme, debout, qui croise ses bras forts Dans l'immense splendeur de la riche nature ! Il chante... et le bois chante, et le fleuve murmure Un chant plein de bonheur qui monte vers le jour !... - C'est la Rédemption ! c'est l'amour ! c'est l'amour !... ........................................................ IV O splendeur de la chair ! ô splendeur idéale ! O renouveau d'amour, aurore triomphale Où, courbant à leurs pieds les Dieux et les Héros, Kallipyge la blanche et le petit Éros Effleureront, couverts de la neige des roses, Les femmes et les fleurs sous leurs beaux pieds écloses ! - O grande Ariadné, qui jette tes sanglots Sur la rive, en voyant fuir là -bas sur les flots, Blanche sous le soleil, la voile de Thésée, O douce vierge enfant qu'une nuit a brisée, Tais-toi ! Sur son char d'or brodé de noirs raisins, Lysios, promené dans les champs Phrygiens Par les tigres lascifs et les panthères rousses, Le long des fleuves bleus rougit les sombres mousses. - Zeus, Taureau, sur son cou berce comme une enfant Le corps nu d'Europé, qui jette son bras blanc Au cou nerveux du Dieu frissonnant dans la vague. Il tourne lentement vers elle son oeil vague ; Elle, laisse traÃner sa pâle joue en fleur Au front de Zeus ; ses yeux sont fermés ; elle meurt Dans un divin baiser, et le flot qui murmure De son écume d'or fleurit sa chevelure. - Entre le laurier-rose et le lotus jaseur Glisse amoureusement le grand Cygne rêveur Embrassant la Léda des blancheurs de son aile ; - Et tandis que Cypris passe, étrangement belle, Et, cambrant les rondeurs splendides de ses reins, Étale fièrement l'or de ses larges seins Et son ventre neigeux brodé de mousse noire, - Héraclès, le Dompteur, qui, comme d'une gloire Fort, ceint son vaste corps de la peau du lion, S'avance, front terrible et doux, à l'horizon ! Par la lune d'été vaguement éclairée, Debout, nue, et rêvant dans sa pâleur dorée Que tache le flot lourd de ses longs cheveux bleus, Dans la clairière sombre, où la mousse s'étoile, La Dryade regarde au ciel silencieux... - La blanche Séléné laisse flotter son voile, Craintive, sur les pieds du bel Endymion, Et lui jette un baiser dans un pâle rayon... - La Source pleure au loin dans une longue extase... C'est la nymphe qui rêve, un coude sur son vase, Au beau jeune homme blanc que son onde a pressé. - Une brise d'amour dans la nuit a passé, Et, dans les bois sacrés, dans l'horreur des grands arbres, Majestueusement debout, les sombres Marbres, Les Dieux, au front desquels le Bouvreuil fait son nid, - Les Dieux écoutent l'homme et le Monde infini ! 29 avril 1870. Ophélie I Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchées en ses longs voiles... - On entend dans les bois lointains des hallalis. Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir, Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir. Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux. Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile - Un chant mystérieux tombe des astres d'or. II O pâle Ophélia ! belle comme la neige ! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté ! C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ; C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ; Que ton coeur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ; C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ; C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux ! Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle ! Tu te fondais à lui comme une neige au feu Tes grandes visions étranglaient ta parole - Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu ! - Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ; Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. 15 mai 1870. Le bal des pendus Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins. Messire Belzébuth tire par la cravate Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel, Et, leur claquant au front un revers de savate, Les fait danser, danser aux sons d'un vieux NoÃl ! Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles Comme des orgues noirs, les poitrines à jour Que serraient autrefois les gentes damoiselles, Se heurtent longuement dans un hideux amour. Hurrah ! les gais danseurs, qui n'avez plus de panse ! On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs ! Hop ! qu'on ne sache plus si c'est bataille ou danse ! Belzébuth enragé racle ses violons ! O durs talons, jamais on n'use sa sandale ! Presque tous ont quitté la chemise de peau ; Le reste est peu gênant et se voit sans scandale. Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées, Un morceau de chair tremble à leur maigre menton On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées, Des preux, raides, heurtant armures de carton. Hurrah ! la bise siffle au grand bal des squelettes ! Le gibet noir mugit comme un orgue de fer ! Les loups vont répondant des forêts violettes A l'horizon, le ciel est d'un rouge d'enfer... Holà , secouez-moi ces capitans funèbres Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés Un chapelet d'amour sur leur pâles vertèbres Ce n'est pas un moustier ici, les trépassés ! Oh ! voilà qu'au milieu de la danse macabre Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou Emporté par l'élan, comme un cheval se cabre Et, se sentant encor la corde raide au cou, Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque Avec des cris pareils à des ricanements, Et, comme un baladin rentre dans la baraque, Rebondit dans le bal au chant des ossements. Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins. Le châtiment de Tartufe Tisonnant, tisonnant son coeur amoureux sous Sa chaste robe noire, heureux, la main gantée, Un jour qu'il s'en allait, effroyablement doux, Jaune, bavant la foi de sa bouche édentée, Un jour qu'il s'en allait, "Oremus", - un Méchant Le prit rudement par son oreille benoÃte Et lui jeta des mots affreux, en arrachant Sa chaste robe noire autour de sa peau moite ! Châtiment !... Ses habits étaient déboutonnés, Et le long chapelet des péchés pardonnés S'égrenant dans son coeur, Saint Tartufe était pâle !... Donc, il se confessait, priait, avec un râle ! L'homme se contenta d'emporter ses rabats... - Peuh ! Tartufe était nu du haut jusques en bas ! Le forgeron Palais des Tuileries, vers le 10 août 92. Le bras sur un marteau gigantesque, effrayant D'ivresse et de grandeur, le front vaste, riant Comme un clairon d'airain, avec toute sa bouche, Et prenant ce gros-là dans son regard farouche, Le Forgeron parlait à Louis Seize, un jour Que le Peuple était là , se tordant tout autour, Et sur les lambris d'or traÃnant sa veste sale. Or le bon roi, debout sur son ventre, était pâle Pâle comme un vaincu qu'on prend pour le gibet, Et, soumis comme un chien, jamais ne regimbait Car ce maraud de forge aux énormes épaules Lui disait de vieux mots et des choses si drôles, Que cela l'empoignait au front, comme cela ! "Or, tu sais bien, Monsieur, nous chantions tra la la Et nous piquions les boeufs vers les sillons des autres Le Chanoine au soleil filait des patenôtres Sur des chapelets clairs grenés de pièces d'or. Le Seigneur, à cheval, passait, sonnant du cor Et l'un avec la hart, l'autre avec la cravache Nous fouaillaient. - Hébétés comme des yeux de vache, Nos yeux ne pleuraient plus ; nous allions, nous allions, Et quand nous avions mis le pays en sillons, Quand nous avions laissé dans cette terre noire Un peu de notre chair... nous avions un pourboire On nous faisait flamber nos taudis dans la nuit ; Nos petits y faisaient un gâteau fort bien cuit. ..."Oh ! je ne me plains pas. Je te dis mes bêtises, C'est entre nous. J'admets que tu me contredises. Or, n'est-ce pas joyeux de voir, au mois de juin Dans les granges entrer des voitures de foin Énormes ? De sentir l'odeur de ce qui pousse, Des vergers quand il pleut un peu, de l'herbe rousse ? De voir des blés, des blés, des épis pleins de grain, De penser que cela prépare bien du pain ?... Oh ! plus fort, on irait, au fourneau qui s'allume, Chanter joyeusement en martelant l'enclume, Si l'on était certain de pouvoir prendre un peu, Étant homme, à la fin ! de ce que donne Dieu ! - Mais voilà , c'est toujours la même vieille histoire ! "Mais je sais, maintenant ! Moi, je ne peux plus croire, Quand j'ai deux bonnes mains, mon front et mon marteau, Qu'un homme vienne là , dague sur le manteau, Et me dise Mon gars, ensemence ma terre ; Que l'on arrive encor, quand ce serait la guerre, Me prendre mon garçon comme cela, chez moi ! - Moi, je serais un homme, et toi, tu serais roi, Tu me dirais Je veux !... - Tu vois bien, c'est stupide. Tu crois que j'aime voir ta baraque splendide, Tes officiers dorés, tes mille chenapans, Tes palsembleu bâtards tournant comme des paons Ils ont rempli ton nid de l'odeur de nos filles Et de petits billets pour nous mettre aux Bastilles, Et nous dirons C'est bien les pauvres à genoux ! Nous dorerons ton Louvre en donnant nos gros sous ! Et tu te soûleras, tu feras belle fête. - Et ces Messieurs riront, les reins sur notre tête ! "Non. Ces saletés-là datent de nos papas ! Oh ! Le Peuple n'est plus une putain. Trois pas Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussière. Cette bête suait du sang à chaque pierre Et c'était dégoûtant, la Bastille debout Avec ses murs lépreux qui nous racontaient tout Et, toujours, nous tenaient enfermés dans leur ombre ! - Citoyen ! citoyen ! c'était le passé sombre Qui croulait, qui râlait, quand nous primes la tour ! Nous avions quelque chose au coeur comme l'amour. Nous avions embrassé nos fils sur nos poitrines. Et, comme des chevaux, en soufflant des narines Nous allions, fiers et forts, et ça nous battait là ... Nous marchions au soleil, front haut, - comme cela, - Dans Paris ! On venait devant nos vestes sales. Enfin ! Nous nous sentions Hommes ! Nous étions pâles, Sire, nous étions soûls de terribles espoirs Et quand nous fûmes là , devant les donjons noirs, Agitant nos clairons et nos feuilles de chêne, Les piques à la main ; nous n'eûmes pas de haine, - Nous nous sentions si forts, nous voulions être doux ! ........................................................... ........................................................... "Et depuis ce jour-là , nous sommes comme fous ! Le tas des ouvriers a monté dans la rue, Et ces maudits s'en vont, foule toujours accrue De sombres revenants, aux portes des richards. Moi, je cours avec eux assommer les mouchards Et je vais dans Paris, noir, marteau sur l'épaule, Farouche, à chaque coin balayant quelque drôle, Et, si tu me riais au nez, je te tuerais ! - Puis, tu peux y compter, tu te feras des frais Avec tes hommes noirs, qui prennent nos requêtes Pour se les renvoyer comme sur des raquettes Et, tout bas, les malins ! se disent " Qu'ils sont sots !" Pour mitonner des lois, coller de petits pots Pleins de jolis décrets roses et de droguailles, S'amuser à couper proprement quelques tailles, Puis se boucher le nez quand nous marchons près d'eux, -Nos doux représentants qui nous trouvent crasseux ! - Pour ne rien redouter, rien, que les baïonnettes..., C'est très bien. Foin de leur tabatière à sornettes ! Nous en avons assez, là , de ces cerveaux plats Et de ces ventres-dieux. Ah ! ce sont là les plats Que tu nous sers, bourgeois, quand nous somme féroces, Quand nous brisons déjà les sceptres et les crosses !..." ........................................................... Il le prend par le bras, arrache le velours Des rideaux, et lui montre en bas les larges cours Où fourmille, où fourmille, où se lève la foule, La foule épouvantable avec des bruits de houle, Hurlant comme une chienne, hurlant comme une mer, Avec ses bâtons forts et ses piques de fer, Ses tambours, ses grands cris de halles et de bouges, Tas sombre de haillons saignants de bonnets rouges L'Homme, par la fenêtre ouverte, montre tout Au roi pâle et suant qui chancelle debout, Malade à regarder cela ! "C'est la Crapule, Sire. Ca bave aux murs, ça monte, ça pullule - Puisqu'ils ne mangent pas, Sire, ce sont des gueux ! Je suis un forgeron ma femme est avec eux, Folle ! Elle croit trouver du pain aux Tuileries ! - On ne veut pas de nous dans les boulangeries. J'ai trois petits. Je suis crapule. - Je connais Des vieilles qui s'en vont pleurant sous leurs bonnets Parce qu'on leur a pris leur garçon ou leur fille C'est la crapule. - Un homme était à la Bastille, Un autre était forçat et tous deux, citoyens Honnêtes. Libérés, ils sont comme des chiens On les insulte ! Alors, ils ont là quelque chose Qui leur fait mal, allez ! C'est terrible, et c'est cause Que se sentant brisés, que, se sentant damnés, Ils sont là , maintenant, hurlant sous votre nez ! Crapule. - Là -dedans sont des filles, infâmes Parce que, - vous saviez que c'est faible, les femmes - Messeigneurs de la cour, - que ça veut toujours bien, - Vous leur avez craché sur l'âme, comme rien ! Vos belles, aujourd'hui, sont là . C'est la crapule. ............................................................ "Oh ! tous les Malheureux, tous ceux dont le dos brûle Sous le soleil féroce, et qui vont, et qui vont, Qui dans ce travail-là sentent crever leur front, Chapeau bas, mes bourgeois ! Oh ! ceux-là , sont les Hommes ! Nous sommes Ouvriers, Sire ! Ouvriers ! Nous sommes Pour les grands temps nouveaux où l'on voudra savoir, Où l'Homme forgera du matin jusqu'au soir, Chasseur des grands effets, chasseur des grandes causes, Où, lentement vainqueur, il domptera les choses Et montera sur Tout, comme sur un cheval ! Oh ! splendides lueurs des forges ! Plus de mal, Plus ! - Ce qu'on ne sait pas, c'est peut-être terrible Nous saurons ! - Nos marteaux en main, passons au crible Tout ce que nous savons puis, Frères, en avant ! Nous faisons quelquefois ce grand rêve émouvant De vivre simplement, ardemment, sans rien dire De mauvais, travaillant sous l'auguste sourire D'une femme qu'on aime avec un noble amour Et l'on travaillerait fièrement tout le jour, Écoutant le devoir comme un clairon qui sonne Et l'on se sentirait très heureux ; et personne, Oh ! personne, surtout, ne vous ferait ployer ! On aurait un fusil au-dessus du foyer... ........................................................ "Oh ! mais l'air est tout plein d'une odeur de bataille. Que te disais-je donc ? Je suis de la canaille ! Il reste des mouchards et des accapareurs. Nous sommes libres, nous ! Nous avons des terreurs Où nous nous sentons grands, oh ! si grands ! Tout à l'heure Je parlais de devoir calme, d'une demeure... Regarde donc le ciel ! - C'est trop petit pour nous, Nous crèverions de chaud, nous serions à genoux ! Regarde donc le ciel ! - Je rentre dans la foule, Dans la grande canaille effroyable, qui roule, Sire, tes vieux canons sur les sales pavés - Oh ! quand nous serons morts, nous les aurons lavés ! - Et si, devant nos cris, devant notre vengeance, Les pattes des vieux rois mordorés, sur la France Poussent leurs régiments en habits de gala, Eh bien, n'est-ce pas, vous tous ? Merde à ces chiens-là !" ............................................................ - Il reprit son marteau sur l'épaule. La foule Près de cet homme-là se sentait l'âme soûle, Et, dans la grande cour, dans les appartements, Où Paris haletait avec des hurlements, Un frisson secoua l'immense populace. Alors, de sa main large et superbe de crasse, Bien que le roi ventru suât, le Forgeron, Terrible, lui jeta le bonnet rouge au front ! Morts de Quatre-vingt-douze... "... Français de soixante-dix, bonapartistes, républicains, souvenez-vous de vos pères en 92, etc." Paul de CASSAGNAC. Le Pays. Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize, Qui, pâles du baiser fort de la liberté, Calmes, sous vos sabots, brisiez le joug qui pèse Sur l'âme et sur le front de toute humanité ; Hommes extasiés et grands dans la tourmente, Vous dont les coeurs sautaient d'amour sous les haillons, O Soldats que la Mort a semés, noble Amante, Pour les régénérer, dans tous les vieux sillons ; Vous dont le sang lavait toute grandeur salie, Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d'Italie, O million de Christs aux yeux sombres et doux ; Nous vous laissions dormir avec la République, Nous, courbés sous les rois comme sous une trique. - Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous ! Fait à Mazas, 3 septembre 1870. A la musique Place de la Gare, à Charleville. Sur la place taillée en mesquines pelouses, Square où tout est correct, les arbres et les fleurs, Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses. - L'orchestre militaire, au milieu du jardin, Balance ses schakos dans la Valse des fifres - Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ; Le notaire pend à ses breloques à chiffres. Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs Les gros bureaux bouffis traÃnent leurs grosses dames Auprès desquelles vont, officieux cornacs, Celles dont les volants ont des airs de réclames ; Sur les bancs verts, des clubs d'épiciers retraités Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme, Fort sérieusement discutent les traités, Puis prisent en argent, et reprennent "En somme !..." Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins, Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande, Savoure son onnaing d'où le tabac par brins Déborde - vous savez, c'est de la contrebande ; - Le long des gazons verts ricanent les voyous ; Et, rendus amoureux par le chant des trombones, Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious Caressent les bébés pour enjôler les bonnes... - Moi, je suis, débraillé comme un étudiant, Sous les marronniers verts les alertes fillettes Elles le savent bien ; et tournent en riant, Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes. Je ne dis pas un mot je regarde toujours La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles Je suis, sous le corsage et les frêles atours, Le dos divin après la courbe des épaules. J'ai bientôt déniché la bottine, le bas... - Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres. Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas... - Et mes désirs brutaux s'accrochent à leurs lèvres... Vénus Anadyomède Comme d'un cercueil vert en fer-blanc, une tête De femme à cheveux bruns fortement pommadés D'une vieille baignoire émerge, lente et bête, Avec des déficits assez mal ravaudés ; Puis le col gras et gris, les larges omoplates Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ; Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ; La graisse sous la peau paraÃt en feuilles plates ; L'échine est un peu rouge, et le tout sent un goût Horrible étrangement ; on remarque surtout Des singularités qu'il faut voir à la loupe... Les reins portent deux mots gravés Clara Venus ; - Et tout ce corps remue et tend sa large croupe Belle hideusement d'un ulcère à l'anus. 27 juillet 1870. Première soirée Elle était fort déhabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près. Assise sur ma grande chaise, Mi-nue, elle joignait les mains. Sur le plancher frissonnaient d'aise Ses petits pieds si fins, si fins. - Je regardai, couleur de cire Un petit rayon buissonnier Papillonner dans son sourire Et sur son sein, - mouche ou rosier. - Je baisai ses fines chevilles. Elle eut un doux rire brutal Qui s'égrenait en claires trilles, Un joli rire de cristal. Les petits pieds sous la chemise Se sauvèrent "Veux-tu en finir !" - La première audace permise, Le rire feignait de punir ! - Pauvrets palpitants sous ma lèvre, Je baisai doucement ses yeux - Elle jeta sa tête mièvre En arrière "Oh ! c'est encor mieux !... Monsieur, j'ai deux mots à te dire..." - Je lui jetai le reste au sein Dans un baiser, qui la fit rire D'un bon rire qui voulait bien... - Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près. Les réparties de Nina ...................................................... LUI - Ta poitrine sur ma poitrine, Hein ? nous irions, Ayant de l'air plein la narine, Aux frais rayons Du bon matin bleu, qui vous baigne Du vin de jour ?... Quand tout le bois frissonnant saigne Muet d'amour De chaque branche, gouttes vertes, Des bourgeons clairs, On sent dans les choses ouvertes Frémir des chairs Tu plongerais dans la luzerne Ton blanc peignoir, Rosant à l'air ce bleu qui cerne Ton grand oeil noir, Amoureuse de la campagne, Semant partout, Comme une mousse de champagne, Ton rire fou Riant à moi, brutal d'ivresse, Qui te prendrais Comme cela, - la belle tresse, Oh ! - qui boirais Ton goût de framboise et de fraise, O chair de fleur ! Riant au vent vif qui te baise Comme un voleur, Au rose, églantier qui t'embête Aimablement Riant surtout, ô folle tête, A ton amant !... ............................................. Dix-sept ans ! Tu seras heureuse ! Oh ! les grands prés, La grande campagne amoureuse ! - Dis, viens plus près !... - Ta poitrine sur ma poitrine, Mêlant nos voix, Lents, nous gagnerions la ravine, Puis les grands bois !... Puis, comme une petite morte, Le coeur pâmé, Tu me dirais que je te porte, L'oeil mi-fermé... Je te porterais, palpitante, Dans le sentier L'oiseau filerait son andante Au Noisetier... Je te parlerais dans ta bouche ; J'irais, pressant Ton corps, comme une enfant qu'on couche, Ivre du sang Qui coule, bleu, sous ta peau blanche Aux tons rosés Et te parlant la langue franche... Tiens !... - que tu sais... Nos grands bois sentiraient la sève, Et le soleil Sablerait d'or fin leur grand rêve Vert et vermeil. ............................................................. Le soir ?... Nous reprendrons la route Blanche qui court Flânant, comme un troupeau qui broute, Tout à l'entour Les bons vergers à l'herbe bleue, Aux pommiers tors ! Comme on les sent toute une lieue Leurs parfums forts ! Nous regagnerons le village Au ciel mi-noir ; Et ça sentira le laitage Dans l'air du soir ; Ca sentira l'étable, pleine De fumiers chauds, Pleine d'un lent rythme d'haleine, Et de grands dos Blanchissant sous quelque lumière ; Et, tout là -bas, Une vache fientera, fière, A chaque pas... - Les lunettes de la grand-mère Et son nez long Dans son missel ; le pot de bière Cerclé de plomb, Moussant entre les larges pipes Qui, crânement, Fument les effroyables lippes Qui, tout fumant, Happent le jambon aux fourchettes Tant, tant et plus Le feu qui claire les couchettes Et les bahuts. Les fesses luisantes et grasses D'un gros enfant Qui fourre, à genoux, dans les tasses, Son museau blanc Frôlé par un mufle qui gronde D'un ton gentil, Et pourlèche la face ronde Du cher petit... Noire, rogue au bord de sa chaise, Affreux profil, Une vieille devant la braise Qui fait du fil ; Que de choses verrons-nous, chère, Dans ces taudis, Quand la flamme illumine, claire, Les carreaux gris !... - Puis, petite et toute nichée, Dans les lilas Noirs et frais la vitre cachée, Qui rit là -bas... Tu viendras, tu viendras, je t'aime ! Ce sera beau. Tu viendras, n'est-ce pas, et même... ELLE - Et mon bureau ? 15 août 1870. Les effarés Noirs dans la neige et dans la brume, Au grand soupirail qui s'allume, Leurs culs en rond, A genoux, cinq petits, - misère ! - Regardent le boulanger faire Le lourd pain blond... Ils voient le fort bras blanc qui tourne La pâte grise, et qui l'enfourne Dans un trou clair. Ils écoutent le bon pain cuire. Le boulanger au gras sourire Chante un vieil air. Ils sont blottis, pas un ne bouge, Au souffle du soupirail rouge, Chaud comme un sein. Et quand pendant que minuit sonne, Façonné, pétillant et jaune, On sort le pain ; Quand, sous les poutres enfumées, Chantent les croûtes parfumées, Et les grillons ; Quand ce trou chaud souffle la vie ; Ils ont leur âme si ravie Sous leurs haillons, Ils se ressentent si bien vivre, Les pauvres petits plein de givre, - Qu'ils sont là , tous, Collant leur petits museaux roses Au grillage, chantant des choses Entre les trous, Mais bien bas, - comme une prière... Repliés vers cette lumière Du ciel rouvert, - Si fort, qu'ils crèvent leur culotte, - Et que leur lange blanc tremblote Au vent d'hiver... 20 septembre 1870. Roman I On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. - Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! - On va sous les tilleuls verts de la promenade. Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ; Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, - A des parfums de vigne et des parfums de bière... II - Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon D'azur sombre, encadré d'une petite branche, Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche... Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête... On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là , comme une petite bête... III Le coeur fou Robinsonne à travers les romans, - Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère, Passe une demoiselle aux petits airs charmants, Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père... Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif... - Sur vos lèvres alors meurent les cavatines... IV Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire. Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. - Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire...! - Ce soir-là ,... - vous rentrez aux cafés éclatants, Vous demandez des bocks ou de la limonade... - On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade. 29 septembre 1870. Le mal Tandis que les crachats rouges de la mitraille Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ; Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille, Croulent les bataillons en masse dans le feu ; Tandis qu'une folie épouvantable, broie Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant ; - Pauvres morts ! dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie, Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !... - Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or ; Qui dans le bercement des hosannah s'endort, Et se réveille, quand des mères, ramassées Dans l'angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir, Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir ! Rages des Césars L'Homme pâle, le long des pelouses fleuries, Chemine, en habit noir, et le cigare aux dents L'Homme pâle repense aux fleurs des Tuileries - Et parfois son oeil terne a des regards ardents... Car l'Empereur est soûl de ses vingt ans d'orgie ! Il s'était dit "Je vais souffler la Liberté Bien délicatement, ainsi qu'une bougie !" La liberté revit ! Il se sent éreinté ! Il est pris. - Oh ! quel nom sur ses lèvres muettes Tressaille ? Quel regret implacable le mord ? On ne le saura pas. L'Empereur a l'oeil mort. Il repense peut-être au Compère en lunettes... - Et regarde filer de son cigare en feu, Comme aux soirs de Saint-Cloud, un fin nuage bleu. Rêvé pour l'hiver A*** Elle, L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose Avec des coussins bleus. Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose Dans chaque coin moelleux. Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace, Grimacer les ombres des soirs, Ces monstruosités hargneuses, populace De démons noirs et de loups noirs. Puis tu te sentiras la joue égratignée... Un petit baiser, comme une folle araignée, Te courra par le cou... Et tu me diras "Cherche !" en inclinant la tête, - Et nous prendrons du temps à trouver cette bête - Qui voyage beaucoup... En wagon, le 7 octobre 1870. Le dormeur du val C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert ou la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme Nature, berce-le chaudement il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouge au côté droit. Octobre 1870. Au cabaret vert cinq heures du soir Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi. - Au Cabaret-Vert je demandai des tartines De beurre et du jambon qui fût à moitié froid. Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table Verte je contemplai les sujets très naïfs De la tapisserie. - Et ce fut adorable, Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs, - Celle-là , ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! - Rieuse, m'apporta des tartines de beurre, Du jambon tiède, dans un plat colorié, Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse Que dorait un rayon de soleil arriéré. Octobre 70. La maline Dans la salle à manger brune, que parfumait Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise Je ramassais un plat de je ne sais quel met Belge, et je m'épatais dans mon immense chaise. En mangeant, j'écoutais l'horloge, - heureux et coi. La cuisine s'ouvrit avec une bouffée, - Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi, Fichu moitié défait, malinement coiffée Et, tout en promenant son petit doigt tremblant Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc, En faisant, de sa lèvre enfantine, une moue, Elle arrangeait les plats, près de moi, pour m'aiser ; - Puis, comme ça, - bien sûr, pour avoir un baiser, - Tout bas "Sens donc, j'ai pris une froid sur la joue..." Charleroi, octobre 70. L'éclatante victoire de Sarrebrück REMPORTEE AUX CRIS DE VIVE L'EMPEREUR ! Gravure belge brillamment colorée, se vend à Charleroi, 35 centimes. Au milieu, l'Empereur, dans une apothéose Bleue et jaune, s'en va, raide, sur son dada Flamboyant ; très heureux, - car il voit tout en rose, Féroce comme Zeus et doux comme un papa ; En bas, les bons Pioupious qui faisaient la sieste Près des tambours dorés et des rouges canons Se lèvent gentiment. Pitou remet sa veste, Et, tourné vers le Chef, s'étourdit de grands noms ! A droite, Dumanet, appuyé sur la crosse De son chassepot, sent frémir sa nuque en brosse, Et "Vive l'Empereur !!!" - Son voisin reste coi... Un schako surgit, comme un soleil noir... - Au centre, Boquillon rouge et bleu, très naïf, sur son ventre Se dresse, et, - présentant ses derrières - " De quoi ?..." Octobre 70. Le buffet C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre, Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ; Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ; Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries, De linges odorants et jaunes, de chiffons De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries, De fichus de grand-mère où sont peints des griffons ; - C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits. - O buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires, Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires. Octobre 70. Ma bohème Fantaisie Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. - Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. - Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur ! Les corbeaux Seigneur, quand froide est la prairie, Quand dans les hameaux abattus, Les longs angelus se sont tus... Sur la nature défleurie Faites s'abattre des grands cieux Les chers corbeaux délicieux. Armée étrange aux cris sévères, Les vents froids attaquent vos nids ! Vous, le long des fleuves jaunis, Sur les routes aux vieux calvaires, Sur les fossés et sur les trous Dispersez-vous, ralliez- vous ! Par milliers, sur les champs de France, Où dorment des morts d'avant-hier, Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver, Pour que chaque passant repense ! Sois donc le crieur du devoir, O notre funèbre oiseau noir ! Mais, saints du ciel, en haut du chêne, Mât perdu dans le soir charmé, Laissez les fauvettes de mai Pour ceux qu'au fond du bois enchaÃne, Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir, La défaite sans avenir. Les assis Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs, Le sinciput plaqué de hargnosités vagues Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ; Ils ont greffé dans des amours épileptiques Leurs fantasque ossature aux grands squelettes noirs De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques S'entrelacent pour les matins et pour les soirs ! Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges, Sentant les soleils vifs percaliser leur peau Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges, Tremblant du tremblement douloureux du crapaud. Et les Sièges leur ont des bontés culottée De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ; L'âme des vieux soleils s'allume, emmaillotée Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains. Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes, Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour, S'écoutent clapoter des barcarolles tristes, Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour. - Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage... Ils surgissent, grondant comme des chats giflés, Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage ! Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés. Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors, Et leurs boutons d'habit sont des prunelles fauves Qui vous accrochent l'oeil du fond des corridors ! Puis ils ont une main invisible qui tue Au retour, leur regard filtre ce venin noir Qui charge l'oeil souffrant de la chienne battue, Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir. Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales, Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever Et, de l'aurore au soir, des grappes d'amygdales Sous leurs mentons chétifs s'agitent à crever. Quand l'austère sommeil a baissé leurs visières, Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés, De vrais petits amours de chaises en lisière Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ; Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule Les bercent, le long des calices accroupis Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules - Et leur membre s'agace à des barbes d'épis. Tête de faune Dans la feuillée, écrin vert taché d'or, Dans la feuillée incertaine et fleurie De fleurs splendides où le baiser dort, Vif et crevant l'exquise broderie, Un faune effaré montre ses deux yeux Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches. Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux Sa lèvre éclate en rires sous les branches. Et quand il a fui - tel qu'un écureuil - Son rire tremble encore à chaque feuille Et l'on voit épeuré par un bouvreuil Le Baiser d'or du Bois, qui se recueille. Les douaniers Ceux qui disent Cré Nom, ceux qui disent macache, Soldats, marins, débris d'Empire, retraités, Sont nuls, très nuls, devant les Soldats des Traités Qui tailladent l'azur frontière à grands coups d'hache. Pique aux dents, lame en main, profonds, pas embêtés, Quand l'ombre bave aux bois comme un mufle de vache, Ils s'en vont, amenant leurs dogues à l'attache, Exercer nuitamment leur terribles gaÃtés ! Ils signalent aux lois modernes les faunesses. Ils empoignent les Fausts et les Diavolos. "Pas de ça, les anciens ! Déposez les ballots !" Quand sa sérénité s'approche des jeunesses, Le Douanier se tient aux appas contrôlés ! Enfer aux Délinquants que sa paume a frôlés ! Oraison du soir Je vis assis, tel qu'un ange aux mains d'un barbier, Empoignant une chope à fortes cannelures, L'hypogastre et col cambrés, une Gambier Aux dents, sous l'air gonflé d'impalpables voilures. Tels que les excréments chauds d'un vieux colombier, Mille Rêves en moi font de douces brûlures Puis par instants mon coeur triste est comme un aubier Qu'ensanglante l'or jeune et sombre des coulures. Puis, quand j'ai ravalé mes rêves avec soin, Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes, Et me recueille, pour lâcher l'âcre besoin Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes, Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin, Avec l'assentiment des grands héliotropes. Chant de guerre parisien Le Printemps est évident, car Du coeur des Propriétés vertes, Le vol de Thiers et de Picard Tient ses splendeurs grandes ouvertes ! O Mai ! quels délirants culs-nus ! Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières, Ecoutez donc les bienvenus Semer les choses printanières ! Ils ont schako, sabre et tam-tam, Non la vieille boÃte à bougies, Et des yoles qui n'ont jam, jam... Fendent le lac aux eaux rougies ! Plus que jamais nous bambochons Quand arrivent sur nos tanières Crouler les jaunes cabochons Dans des aubes particulières ! Thiers et Picard sont des Eros, Des enleveurs d'héliotropes ; Au pétrole ils font des Corots Voici hannetonner leur tropes... Ils sont familiers du Grand Truc !... Et couché dans les glaïeuls, Favre Fait sont cillement aqueduc, Et ses reniflements à poivre ! La grand'ville a le pavé chaud Malgré vos douches de pétrole, Et décidément, il nous faut Vous secouer dans votre rôle... Et les Ruraux qui se prélassent Dans de longs accroupissements, Entendront des rameaux qui cassent Parmi les rouges froissements ! Mes petites amoureuses Un hydrolat lacrymal lave Les cieux vert-chou Sous l'arbre tendronnier qui bave, Vos caoutchoucs Blancs de lunes particulières Aux pialats ronds, Entrechoquez vos genouillères, Mes laiderons ! Nous nous aimions à cette époque, Bleu laideron ! On mangeait des oeufs à la coque Et du mouron ! Un soir, tu me sacras poète, Blond laideron Descends ici, que je te fouette En mon giron ; J'ai dégueulé ta bandoline, Noir laideron ; Tu couperais ma mandoline Au fil du front. Pouah ! mes salives desséchées, Roux laideron, Infectent encor les tranchées De ton sein rond ! O mes petites amoureuses, Que je vous hais ! Plaquez de fouffes douloureuses Vos tétons laids ! Piétinez mes vieilles terrines De sentiment ; - Hop donc ! soyez-moi ballerines Pour un moment !... Vos omoplates se déboÃtent, O mes amours ! Une étoile à vos reins qui boitent Tournez vos tours ! Et c'est pourtant pour ces éclanches Que j'ai rimé ! Je voudrais vous casser les hanches D'avoir aimé ! Fade amas d'étoiles ratées, Comblez les coins ! - Vous crèverez en Dieu, bâtées D'ignobles soins ! Sous les lunes particulières Aux pialats ronds, Entrechoquez vos genouillères, Mes laiderons ! Accroupissements Bien tard, quand il se sent l'estomac écoeuré, Le frère Milotus, un oeil à la lucarne D'où le soleil, clair comme un chaudron récuré, Lui darde une migraine et fait son regard darne, Déplace dans les draps son ventre de curé. Il se démène sous sa couverture grise Et descend, ses genoux à son ventre tremblant, Effaré comme un vieux qui mangerait sa prise ; Car il lui faut, le poing à l'anse d'un pot blanc, A ses reins largement retrousser sa chemise ! Or, il s'est accroupi, frileux, les doigts de pied Repliés, grelottant au clair soleil qui plaque Des jaunes de brioche aux vitres de papier ; Et le nez du bonhomme où s'allume la laque Renifle aux rayons, tel qu'un charnel polypier. ....................................................... Le bonhomme mijote au feu, bras tordus, lippe Au ventre il sent glisser ses cuisses dans le feu, Et ses chausses roussir, et s'éteindre sa pipe ; Quelque chose comme un oiseau remue un peu A son ventre serein comme un monceau de tripe ! Autour, dort un fouillis de meuble abrutis Dans des haillons de crasse et sur de sales ventres ; Des escabeaux, crapauds étranges, sont blottis Aux coins noirs des buffets ont des gueules de chantres Qu'entr'ouvre un sommeil plein d'horribles appétits. L'écoeurante chaleur gorge la chambre étroite ; Le cerveau du bonhomme est bourré de chiffons. Il écoute les poils pousser dans sa peau moite, Et, parfois, en hoquets fort gravement bouffons S'échappe, secouant son escabeau qui boite... ........................................................... Et le soir, aux rayons de lune, qui lui font Aux contours du cul des bavures de lumière, Une ombre avec détails s'accroupit, sur un fond De neige rose ainsi qu'une rose trémière... Fantasque, un nez poursuit Vénus au ciel profond. Les poètes de sept ans A M. P. Demeny. Et la Mère, fermant le livre du devoir, S'en allait satisfaite et très fière, sans voir, Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences, L'âme de son enfant livrée aux répugnances. Tout le jour il suait d'obéissance ; très Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits, Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies. Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies, En passant il tirait la langue, les deux poings A l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points. Une porte s'ouvrait sur le soir à la lampe On le voyait, là -haut, qui râlait sur la rampe, Sous un golfe le jour pendant du toit. L'été Surtout, vaincu, stupide, il était entêté A se renfermer dans la fraÃcheur des latrines Il pensait là , tranquille et livrant ses narines. Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet Derrière la maison, en hiver, s'illunait, Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne Et pour des visions écrasant son oeil darne, Il écoutait grouiller les galeux espaliers. Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers Qui, chétifs, fronts nus, oeil déteignant sur la joue, Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue Sous des habits puant la foire et tout vieillots, Conversaient avec la douceur des idiots ! Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes, Sa mère s'effrayait ; les tendresses, profondes, De l'enfant se jetaient sur cet étonnement. C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment ! A sept ans, il faisait des romans, sur la vie Du grand désert, où luit la Liberté ravie, Forêts, soleils, rives, savanes ! - Il s'aidait De journaux illustrés où, rouge, il regardait Des Espagnoles rire et des Italiennes. Quand venait, l'oeil brun, folle, en robes d'indiennes, - Huit ans, - la fille des ouvriers d'à côté, La petite brutale, et qu'elle avait sauté, Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses, Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses, Car elle ne portait jamais de pantalons ; - Et, par elle meurtri des poings et des talons, Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre. Il craignait les blafards dimanches de décembre, Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou, Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ; Des rêves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcôve. Il n'aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu'au soir fauve, Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg Où les crieurs, en trois roulements de tambour, Font autour des édits rire et gronder les foules. - Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or, Font leur remuement calme et prennent leur essor ! Et comme il savourait surtout les sombres choses, Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes, Haute et bleue, âcrement prise d'humidité, Il lisait son roman sans cesse médité, Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées, De fleurs de chair aux bois sidérals déployées, Vertige, écroulements, déroutes et pitié ! - Tandis que se faisait la rumeur du quartier, En bas, - seul, et couché sur des pièces de toile Ecrue, et pressentant violemment la voile ! 26 mai 1871. Les pauvres à l'église Parqués entre des bancs de chêne, aux coins d'église Qu'attiédit puamment leur souffle, tous leurs yeux Vers le choeur ruisselant d'orrie et la maÃtrise Aux vingt gueules gueulant les cantiques pieux ; Comme un parfum de pain humant l'odeur de cire, Heureux, humiliés comme des chiens battus, Les Pauvres au bon Dieu, les patron et le sire, Tendent leurs oremus risibles et têtus. Aux femmes, c'es bien bon de faire des bancs lisses, Après les six jours noirs où Dieu les fait souffrir ! Elles bercent, tordus dans d'étranges pelisses, Des espèces d'enfants qui pleurent à mourir. Leurs seins crasseux dehors, ces mangeuses de soupe, Une prière aux yeux et ne priant jamais, Regardent parader mauvaisement un groupe De gamines avec leurs chapeaux déformés. Dehors, le froid, la faim, l'homme en ribote C'est bon. Encore une heure ; après, les maux sans noms ! - Cependant, alentour, geint, nasille, chuchote Une collection de vieilles à fanons Ces effarés y sont et ces épileptiques Dont on se détournait hier aux carrefours ; Et, fringalant du nez dans des missels antiques, Ces aveugles qu'un chien introduit dans les cours. Et tous, bavant la foi mendiante et stupide, Récitent la complainte infinie à Jésus Qui rêve en haut, jauni par le vitrail livide, Loin des maigres mauvais et des méchants pansus, Loin des senteurs de viande et d'étoffes moisies, Farce prostrée et sombre aux gestes repoussants ; - Et l'oraison fleurit d'expressions choisies, Et les mysticités prennent des tons pressants, Quand, des nefs où périt le soleil, plis de soie Banals, sourires verts, les Dames des quartiers Distingués, - ô Jésus ! - les malades du foie Font baiser leur longs doigts jaunes aux bénitiers. 1871. Le coeur volé Mon triste coeur bave à la poupe, Mon coeur couvert de caporal Ils y lancent des jets de soupe, Mon triste coeur bave à la poupe Sous les quolibets de la troupe Qui pousse un rire général, Mon triste coeur bave à la poupe, Mon coeur couvert de caporal ! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs quolibets l'ont dépravé ! Au gouvernail on voit des fresques Ithyphalliques et pioupiesques. O flots abracadabrantesques, Prenez mon coeur, qu'il soit lavé ! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs quolibets l'ont dépravé ! Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô coeur volé ? Ce seront des hoquets bachiques Quand ils auront tari leurs chiques J'aurai des sursauts stomachiques, Moi, si mon coeur est ravalé Quand ils auront tari leurs chiques Comment agir, ô coeur volé ? Mai 1871. L'orgie parisienne ou Paris se repeuple O lâches, la voilà ! Dégorgez dans les gares ! Le soleil essuya de ses poumons ardents Les boulevards qu'un soir comblèrent les Barbares. Voilà la Cité sainte, assise à l'occident ! Allez ! on préviendra les reflux d'incendie, Voilà les quais, voilà les boulevards, voilà Les maisons sur l'azur léger qui s'irradie Et qu'un soir la rougeur des bombes étoila ! Cachez les palais morts dans des niches de planches ! L'ancien jour effaré rafraÃchit vos regards. Voici le troupeau roux des tordeuses de hanches Soyez fous, vous serez drôles, étant hagards ! Tas de chiennes en rut mangeant des cataplasmes, Le cri des maisons d'or vous réclame. Volez ! Mangez ! Voici la nuit de joie aux profonds spasmes Qui descend dans la rue. O buveurs désolés, Buvez ! Quand la lumière arrive intense et folle, Fouillant à vos côtés les luxes ruisselants, Vous n'allez pas baver, sans geste, sans parole, Dans vos verres, les yeux perdus aux lointains blancs ? Avalez, pour la Reine aux fesses cascadantes ! Ecoutez l'action des stupides hoquets Déchirants ! Ecoutez sauter aux nuits ardentes Les idiots râleux, vieillards, pantins, laquais ! O coeurs de saleté, bouches épouvantables, Fonctionnez plus fort, bouches de puanteurs ! Un vin pour ces torpeurs ignobles, sur ces tables... Vos ventres sont fondus de hontes, ô Vainqueurs ! Ouvrez votre narine aux superbes nausées ! Trempez de poisons forts les cordes de vos cous ! Sur vos nuques d'enfants baissant ses mains croisées Le Poète vous dit "O lâches, soyez fous ! Parce que vous fouillez le ventre de la Femme, Vous craignez d'elle encore une convulsion Qui crie, asphyxiant votre nichée infâme Sur sa poitrine, en une horrible pression. Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques, Qu'est-ce que ça peut faire à la putain Paris, Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques ? Elle se secouera de vous, hargneux pourris ! Et quand vous serez bas, geignant sur vos entrailles, Les flancs morts, réclamant votre argent, éperdus, La rouge courtisane aux seins gros de batailles Loin de votre stupeur tordra ses poings ardus ! Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères, Paris ! quand tu reçus tant de coups de couteau, Quand tu gis, retenant dans tes prunelles claires Un peu de la bonté du fauve renouveau, O cité douloureuse, ô cité quasi morte, La tête et les deux seins jetés verts l'Avenir Ouvrant sur ta pâleur ses milliards de portes, Cité que le Passé sombre pourrait bénir Corps remagnétisé pour les énormes peines, Tu rebois donc la vie effroyable ! tu sens Sourdre le flux des vers livides en tes veines, Et sur ton clair amour rôder les doigts glaçants ! Et ce n'est pas mauvais. Les vers, les vers livides Ne gêneront pas plus ton souffle de Progrès Que les Stryx n'éteignaient l'oeil des Cariatides Où des pleurs d'or astral tombaient des bleus degrés." Quoique ce soit affreux de te revoir couverte Ainsi ; quoiqu'on n'ait fait jamais d'une cité Ulcère plus puant à la Nature verte, Le poète te dit "Splendide est ta Beauté !" L'orage t'a sacrée suprême poésie ; L'immense remuement des forces te secourt ; Ton oeuvre bout, la mort gronde, Cité choisie ! Amasse les strideurs au coeur du clairon sourd. Le Poète prendra le sanglot des Infâmes, La haine des Forçats, la clameur des Maudits ; Et ses rayons d'amour flagelleront les Femmes. Ses strophes bondiront Voilà ! voilà ! bandits ! - Société, tout est rétabli - les orgies Pleurent leur ancien râle aux anciens lupanars Et les gaz en délire, aux murailles rougies, Flambent sinistrement vers les azurs blafards ! Mai 1871. Les mains de Jeanne-Marie Jeanne-Marie a des mains fortes, Mains sombres que l'été tanna, Mains pâles comme des mains mortes. - Sont-ce des mains de Juana ? Ont-elles pris les crèmes brunes Sur les mares des voluptés ? Ont-elles trempé dans les lunes Aux étangs de sérénités ? Ont-elles bu des cieux barbares, Calmes sur les genoux charmants ? Ont-elles roulé des cigares Ou trafiqué des diamants ? Sur les pieds ardents des Madones Ont-elles fané des fleurs d'or ? C'est le sang noir des belladones Qui dans leur paume éclate et dort. Mains chasseresses des diptères Dont bombinent les bleuisons Aurorales, vers les nectaires ? Mains décanteuses de poisons ? Oh ! quel Rêve les a saisies Dans les pandiculations ? Un rêve inouï des Asies, Des Khenghavars ou des Sions ? - Ces mains n'ont pas vendu d'oranges, Ni brui sur les pieds des dieux Ces mains n'ont pas lavé les langes Des lourds petits enfants sans yeux. Ce ne sont pas mains de cousine Ni d'ouvrières aux gros fronts Que brûle, aux bois puant l'usine, Un soleil ivre de goudrons. Ce sont des ployeuses d'échines, Des mains qui ne font jamais mal, Plus fatales que des machines, Plus fortes que tout un cheval ! Remuant comme des fournaises, Et secouant tous ses frissons, Leur chair chante des Marseillaises Et jamais les Eleisons ! Ca serrerait vos cous, ô femmes Mauvaises, ça broierait vos mains, Femmes nobles, vos mains infâmes Pleines de blancs et de carmins. L'éclat de ces mains amoureuses Tourne le crâne des brebis ! Dans leurs phalanges savoureuses Le grand soleil met un rubis ! Une tache de populace Les brunit comme un sein d'hier ; Le dos de ces Mains est la place Qu'en baisa tout Révolté fier ! Elles ont pâli, merveilleuses, Au grand soleil d'amour chargé, Sur le bronze des mitrailleuses A travers Paris insurgé ! Ah ! quelquefois, ô Mains sacrées, A vos poings, Mains où tremblent nos Lèvres jamais désenivrées, Crie une chaÃne aux clairs anneaux ! Et c'est un soubresaut étrange Dans nos êtres, quand, quelquefois, On veut vous déhâler, Mains d'ange, En vous faisant saigner les doigts ! Les soeurs de charité Le jeune homme dont l'oeil est brillant, la peau brune, Le beau corps de vingt ans qui devrait aller nu, Et qu'eût, le front cerclé de cuivre, sous la lune Adoré, dans la Perse un Génie inconnu, Impétueux avec des douceurs virginales Et noires, fier de ses premiers entêtements, Pareil aux jeunes mers, pleurs de nuits estivales, Qui se retournent sur des lits de diamants ; Le jeune homme, devant les laideurs de ce monde Tressaille dans son coeur largement irrité, Et plein de la blessure éternelle et profonde, Se prend à désirer sa soeur de charité. Mais, ô Femme, monceau d'entrailles, pitié douce, Tu n'es jamais la Soeur de charité, jamais, Ni regard noir, ni ventre où dort une ombre rousse, Ni doigts légers, ni seins splendidement formés. Aveugle irréveillée aux immenses prunelles, Tout notre embrassement n'est qu'une question C'est toi qui pends à nous, porteuse de mamelles, Nous te berçons, charmante et grave Passion. Tes haines, tes torpeurs fixes, tes défaillances Et les brutalités souffertes autrefois, Tu nous rends tout, ô Nuit pourtant sans malveillances, Comme un excès de sang épanché tous les mois. - Quand la femme, portée un instant, l'épouvante, Amour, appel de vie et chanson d'action, Viennent la Muse verte et la Justice ardente Le déchirer de leur auguste obsession. Ah ! sans cesse altéré des splendeurs et des calmes, Délaissé des deux Soeurs implacables, geignant Avec tendresse après la science aux bras almes, Il porte à la nature en fleur son front saignant. Mais la noire alchimie et les saintes études Répugnent au blessé, sombre savant d'orgueil ; Il sent marcher sur lui d'atroces solitudes. Alors, et toujours beau, sans dégoût du cercueil, Qu'il croie aux vastes fins, Rêves ou Promenades Immenses, à travers les nuits de Vérité, Et t'appelle en son âme et ses membres malades, O Mort mystérieuse, ô soeur de charité. Juin 1871. Voyelles A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ; I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ; U, cycles, vibrement divins des mers virides, Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ; O, suprême Clairon plein des strideurs étranges, Silences traversés des Mondes et des Anges - O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! L'étoile a pleuré... L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles, L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain. L'homme juste Le Juste restait droit sur ses hanches solides Un rayon lui dorait l'épaule ; des sueurs Me prirent "Tu veux voir rutiler les bolides ? Et, debout, écouter bourdonner les flueurs D'astres lactés, et les essaims d'astéroïdes ? "Par des farces de nuit ton front est épié, O Juste ! Il faut gagner un toit. Dis ta prière, La bouche dans ton drap doucement expié ; Et si quelque égaré choque ton ostiaire, Dis Frère, va plus loin, je suis estropié !" Et le Juste restait debout, dans l'épouvante Bleuâtre des gazons après le soleil mort "Alors, mettrais-tu tes genouillères en vente, O Vieillard ? Pèlerin sacré ! Barde d'Armor ! Pleureur des Oliviers ! Main que la pitié gante ! "Barbe de la famille et poing de la cité, Croyant très doux ô coeur tombé dans les calices, Majestés et vertus, amour et cécité, Juste ! plus bête et plus dégoûtant que les lices ! Je suis celui qui souffre et qui s'est révolté ! "Et ça me fait pleurer sur mon ventre, ô stupide, Et bien rire, l'espoir fameux de ton pardon ! Je suis maudit, tu sais ! Je suis soûl, fou, livide, Ce que tu veux ! Mais va te coucher, voyons donc, Juste ! Je ne veux rien à ton cerveau torpide. "C'est toi le Juste, enfin, le Juste ! C'est assez ! C'est vrai que la tendresse et ta raison sereines Reniflent dans la nuit comme des cétacés ! Que tu te fais proscrire et dégoises des thrènes Sur d'effroyables becs de cane fracassés ! "Et c'est toi l'oeil de Dieu ! le lâche ! Quand les plantes Froides des pieds divins passeraient sur mon cou, Tu es lâche ! O ton front qui fourmille de lentes ! Socrates et Jésus, Saints et Justes, dégoût ! Respectez le Maudit suprême aux nuits sanglantes !" J'avais crié cela sur la terre, et la nuit Calme et blanche occupait les cieux pendant ma fièvre. Je relevai mon front le fantôme avait fui, Emportant l'ironie atroce de ma lèvre... - Vents nocturnes, venez au Maudit ! Parlez-lui ! Cependant que, silencieux sous les pilastres D'azur, allongeant les comètes et les noeuds D'univers, remuement énorme sans désastres, L'ordre, éternel veilleur, rame aux cieux lumineux Et de sa drague en feu laisse filer les astres ! Ah ! qu'il s'en aille, la gorge cravatée De honte, ruminant toujours mon ennui, doux Comme le sucre sur la denture gâtée. - Tel que la chienne après l'assaut des fiers toutous, Léchant son flanc d'où pend une entraille emportée. Qu'il dise charités crasseuses et progrès... - J'exècre tous ces yeux de Chinois à bedaines, Mais qui chante nana, comme un tas d'enfants près De mourir, idiots doux aux chansons soudaines O Justes, nous chierons dans vos ventres de grès ! Juillet 1871. Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs A Monsieur Théodore de Banville. I Ainsi, toujours, vers l'azur noir Où tremble la mer des topazes, Fonctionneront dans ton soir Les Lys, ces clystères d'extases ! A notre époque de sagous, Quand les Plantes sont travailleuses, Le Lys boira les bleus dégoûts Dans tes Proses religieuses ! - Le lys de monsieur de Kerdrel, Le Sonnet de mil huit cent trente, Le Lys qu'on donne au Ménestrel Avec l'oeillet et l'amarante ! Des lys ! Des lys ! On n'en voit pas ! Et dans ton Vers, tel que les manches Des Pécheresses aux doux pas, Toujours frissonnent ces fleurs blanches ! Toujours, Cher, quand tu prends un bain, Ta chemise aux aisselles blondes Se gonfle aux brises du matin Sur les myosotis immondes ! L'amour ne passe à tes octrois Que les Lilas, - ô balançoires ! Et les Violettes du Bois, Crachats sucrés des Nymphes noires !... II O Poètes, quand vous auriez Les Roses, les Roses soufflées, Rouges sur tiges de lauriers, Et de mille octaves enflées ! Quand BANVILLE en ferait neiger, Sanguinolentes, tournoyantes, Pochant l'oeil fou de l'étranger Aux lectures mal bienveillantes ! De vos forêts et de vos prés, O très paisibles photographes ! La Flore est diverse à peu près Comme des bouchons de carafes ! Toujours les végétaux Français, Hargneux, phtisiques, ridicules, Où le ventre des chiens bassets Navigue en paix, aux crépuscules ; Toujours, après d'affreux dessins De Lotos bleus ou d'Hélianthes, Estampes roses, sujets saints Pour de jeunes communiantes ! L'Ode Açoka cadre avec la Strophe en fenêtre de lorette ; Et de lourds papillons d'éclat Fientent sur la Pâquerette. Vieilles verdures, vieux galons ! O croquignoles végétales ! Fleurs fantasques des vieux Salons ! - Aux hannetons, pas aux crotales, Ces poupards végétaux en pleurs Que Grandville eût mis aux lisières, Et qu'allaitèrent de couleurs De méchants astres à visières ! Oui, vos bavures de pipeaux Font de précieuses glucoses ! - Tas d'oeufs frits dans de vieux chapeaux, Lys, Açokas, Lilas et Roses !... III O blanc Chasseur, qui cours sans bas A travers le Pâtis panique, Ne peux-tu pas, ne dois-tu pas ConnaÃtre un peu ta botanique ? Tu ferais succéder, je crains, Aux Grillons roux les Cantharides, L'or des Rios au bleu des Rhins, - Bref, aux Norwèges les Florides Mais, Cher, l'Art n'est plus, maintenant, - C'est la vérité, - de permettre A l'Eucalyptus étonnant Des constrictors d'un hexamètre Là !... Comme si les Acajous Ne servaient, même en nos Guyanes, Qu'aux cascades des sapajous, Au lourd délire des lianes ! - En somme, une Fleur, Romarin Ou Lys, vive ou morte, vaut-elle Un excrément d'oiseau marin ? Vaut-elle un seul pleur de chandelle ? - Et j'ai dit ce que je voulais ! Toi, même assis là -bas, dans une Cabane de bambous, - volets Clos, tentures de perse brune, - Tu torcherais des floraisons Dignes d'Oises extravagantes !... - Poète ! ce sont des raisons Non moins risibles qu'arrogantes !... IV Dis, non les pampas printaniers Noirs d'épouvantables révoltes, Mais les tabacs, les cotonniers ! Dis les exotiques récoltes ! Dis, front blanc que Phébus tanna, De combien de dollars se rente Pedro Velasquez, Habana ; Incague la mer de Sorrente Où vont les Cygnes par milliers ; Que tes strophes soient des réclames Pour l'abatis des mangliers Fouillés des Hydres et des lames ! Ton quatrain plonge aux bois sanglants Et revient proposer aux Hommes Divers sujets de sucres blancs, De pectoraires et de gommes ! Sachons par Toi si les blondeurs Des Pics neigeux, vers les Tropiques, Sont ou des insectes pondeurs Ou des lichens microscopiques ! Trouve, ô Chasseur, nous le voulons, Quelques garances parfumées Que la Nature en pantalons Fasse éclore ! - pour nos Armées ! Trouve, aux abords du Bois qui dort, Les fleurs, pareilles à des mufles, D'où bavent des pommades d'or Sur les cheveux sombres des Buffles ! Trouve, aux prés fous, où sur le Bleu Tremble l'argent des pubescences, Des calices pleins d'Oeufs de feu Qui cuisent parmi les essences ! Trouve des Chardons cotonneux Dont dix ânes aux yeux de braises Travaillent à filer les noeuds ! Trouve des Fleurs qui soient des chaises ! Oui, trouve au coeur des noirs filons Des fleurs presque pierres, - fameuses ! - Qui vers leurs durs ovaires blonds Aient des amygdales gemmeuses ! Sers-nous, ô Farceur, tu le peux, Sur un plat de vermeil splendide Des ragoûts de Lys sirupeux Mordant nos cuillers Alfénide ! V Quelqu'un dira le grand Amour, Voleur des sombres Indulgences Mais ni Renan, ni le chat Murr N'ont vu les Bleus Thyrses immenses ! Toi, fais jouer dans nos torpeurs, Par les parfums les hystéries ; Exalte-nous vers les candeurs Plus candides que les Maries... Commerçant ! colon ! médium ! Ta Rime sourdra, rose ou blanche, Comme un rayon de sodium, Comme un caoutchouc qui s'épanche ! De tes noirs Poèmes, - Jongleur ! Blancs, verts, et rouges dioptriques, Que s'évadent d'étranges fleurs Et des papillons électriques ! Voilà ! c'est le Siècle d'enfer ! Et les poteaux télégraphiques Vont orner, - lyre aux chants de fer, Tes omoplates magnifiques ! Surtout, rime une version Sur le mal des pommes de terre ! - Et, pour la composition De poèmes pleins de mystère Qu'on doive lire de Tréguier A Paramaribo, rachète Des Tomes de Monsieur Figuier, - Illustrés ! - chez Monsieur Hachette ! 14 juillet 1871. ALCIDE BAVA. A. R. Les premières communions I Vraiment, c'est bête, ces églises des villages Où quinze laids marmots encrassant les piliers Ecoutent, grasseyant les divins babillages, Un noir grotesque dont fermentent les souliers Mais le soleil éveille, à travers les feuillages, Les vieilles couleurs des vitraux irréguliers. La pierre sent toujours la terre maternelle, Vous verrez des monceaux de ces cailloux terreux Dans la campagne en rut qui frémit solennelle, Portant près des blés lourds, dans les sentiers ocreux, Ces arbrisseaux brûlés ou bleuit la prunelle, Des noeuds de mûriers noirs et de rosiers fuireux. Tous les cent ans on rend ces granges respectables Par un badigeon d'eau bleue et de lait caillé Si des mysticités grotesques sont notables Près de la Notre Dame ou du Saint empaillé, Des mouches sentant bon l'auberge et les étables Se gorgent de cire au plancher ensoleillé. L'enfant se doit surtout à la maison, famille Des soins naïfs, des bons travaux abrutissants ; Ils sortent, oubliant que la peau leur fourmille Où le Prêtre du Christ plaqua ses doigts puissants. On paie au Prêtre un toit ombré d'une charmille Pour qu'il laisse au soleil tous ces fronts brunissants. Le premier habit noir, le plus beau jour de tartes, Sous le Napoléon ou le Petit Tambour Quelque enluminure où les Josephs et les Marthes Tirent la langue avec un excessif amour Et que joindront, au jour de science, deux cartes, Ces seuls doux souvenirs lui restent du grand jour. Les filles vont toujours à l'église, contentes De s'entendre appeler garces par les garçons Qui font du genre après Messe ou vêpres chantantes. Eux qui sont destinés au chic des garnisons, Ils narguent au café les maisons importantes, Blousés neuf, et gueulant d'effroyables chansons. Cependant le Curé choisit pour les enfances Des dessins ; dans son clos, les vêpres dites, quand L'air s'emplit du lointain nasillement des danses, Ils se sent, en dépit des célestes défenses, Les doigts de pied ravis et le mollet marquant ; - La nuit vient, noir pirate aux cieux d'or débarquant. II Le Prêtre a distingué parmi les catéchistes, Congrégés des Faubourgs ou des Riches Quartiers, Cette petite fille inconnue, aux yeux tristes, Front jaune. Les parents semblent de doux portiers. "Au grand Jour, le marquant parmi les Catéchistes, Dieu fera sur ce front neiger ses bénitiers." III La veille du grand Jour, l'enfant se fait malade. Mieux qu'à l'église haute aux funèbres rumeurs, D'abord le frisson vient, - le lit n'étant pas fade - Un frisson surhumain qui retourne "Je meurs..." Et, comme un vol d'amour fait à ses soeurs stupides, Elle compte, abattue et les mains sur son coeur, Les Anges, les Jésus et ses Vierges nitides Et, calmement, son âme a bu tout son vainqueur. Adonaï !... - Dans les terminaisons latines, Des cieux moirés de vert baignent les Fronts vermeils Et tachés du sang pur des célestes poitrines De grands linges neigeux tombent sur les soleils ! - Pour ses virginités présentes et futures Elle mort aux fraÃcheurs de ta Rémission, Mais plus tard que les lys d'eau, plus que les confitures, Tes pardons sont glacés, ô Reine de Sion ! IV Puis la Vierge n'est plus que la vierge du livre. Les mystiques élans se cassent quelquefois... Et vient la pauvreté des images, que cuivre L'ennui, l'enluminure atroce et les vieux bois ; Des curiosités vaguement impudiques Epouvantent le rêve aux chastes bleuités Qui s'est surpris autour des célestes tuniques, Du linge dont Jésus voile ses nudités. Elle veut, elle veut, pourtant, l'âme en détresse, Le front dans l'oreiller creusé par les cris sourds, Prolonger les éclairs suprêmes de tendresse, Et bave... - L'ombre emplit les maisons et les cours. Et l'enfant ne peut plus. Elle s'agite, cambre Les reins et d'une main ouvre le rideau bleu Pour amener un peu la fraÃcheur de la chambre Sous le drap, vers son ventre et sa poitrine en feu... V A son réveil, - minuit, la fenêtre était blanche. Devant le sommeil bleu des rideaux illunés, La vision la prit des candeurs du dimanche ; Elle avait rêvé rouge. Elle saigna du nez, Et se sentant bien chaste et pleine de faiblesse Pour savourer en Dieu son amour revenant, Elle eut soif de la nuit où s'exalte et s'abaisse Le coeur, sous l'oeil des cieux doux, en les devinant ; De la nuit, Vierge-Mère impalpable, qui baigne Tous les jeunes émois de ses silences gris, Elle eut soif de la nuit forte où le coeur qui saigne Ecoule sans témoin sa révolte sans cris. Et faisant la victime et la petite épouse, Son étoile la vit, une chandelle aux doigts, Descendre dans la cour où séchait une blouse, Spectre blanc, et lever les spectres noirs des toits. VI Elle passa sa nuit sainte dans des latrines. Vers la chandelle, aux trous du toit coulait l'air blanc, Et quelque vigne folle aux noirceurs purpurines, En deçà d'une cour voisine s'écroulant. La lucarne faisait un coeur de lueur vive Dans la cour où les cieux bas plaquaient d'ors vermeils Les vitres ; les pavés puant l'eau de lessive Soufraient l'ombre des murs bondés de noirs sommeils. ...................................................... VII Qui dira ces langueurs et ces pitiés immondes, Et ce qu'il lui viendra de haine, ô sales fous, Dont le travail divin déforme encor les mondes, Quand la lèpre à la fin mangera ce corps doux ? ........................................................ VIII Et quand, ayant rentré tous ses noeuds d'hystéries, Elle verra, sous les tristesses du bonheur, L'amant rêver au blanc million des Maries, Au matin de la nuit d'amour, avec douleur "Sais-tu que je t'ai fait mourir ? J'ai pris ta bouche, Ton coeur, tout ce qu'on a, tout ce que vous avez ; Et moi, je suis malade Oh ! je veux qu'on me couche Parmi les Morts des eaux nocturnes abreuvés ! "J'étais bien jeune, et Christ a souillé mes haleines, Il me bonda jusqu'à la gorge de dégoûts ! Tu baisais mes cheveux profonds comme les laines, Et je me laissais faire... ah ! va, c'est bon pour vous, "Hommes ! qui songez peu que la plus amoureuse Est, sous sa conscience aux ignobles terreurs, La plus prostituée et la plus douloureuse, Et que tous nos élans vers vous sont des erreurs ! "Car ma Communion première est bien passée. Tes baisers, je ne puis jamais les avoir sus Et mon coeur et ma chair par ta chair embrassée Fourmillent du baiser putride de Jésus !" IX Alors l'âme pourrie et l'âme désolée Sentiront ruisseler tes malédictions. - Ils auront couché sur ta Haine inviolée, Echappés, pour la mort, des justes passions, Christ ! ô Christ, éternel voleur des énergies, Dieu qui pour deux mille ans vouas à ta pâleur, Cloués au sol, de honte et de céphalalgies, Ou renversés, les fronts des femmes de douleur. Juillet 1871. Les chercheuses de poux Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes, Implore l'essaim blanc des rêves indistincts, Il vient près de son lit deux grandes soeurs charmantes Avec de frêles doigts aux ongles argentins. Elles assoient l'enfant devant une croisée Grande ouverte où l'air bleu baigne un fouillis de fleurs, Et dans ses lourds cheveux où tombe la rosée Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs. Il écoute chanter leurs haleines craintives Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés, Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers. Il entend leurs cils noirs battant sous les silences Parfumés ; et leurs doigts électriques et doux Font crépiter parmi ses grises indolences Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux. Voilà que monte en lui le vin de la Paresse, Soupir d'harmonica qui pourrait délirer ; L'enfant se sent, selon la lenteur des caresses, Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer. Le bateau ivre Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J'étais insoucieux de tous les équipages, Porteurs de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais. Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots ! Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures, L'eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d'astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l'amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants je sais le soir, L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes, Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir ! J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l'assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces, Et des lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises ! Echouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants. - Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux... Presque Ãle, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d'azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! J'ai vu des archipels sidéraux ! et des Ãles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur - Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles, Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ? Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. O que ma quille éclate ! O que j'aille à la mer ! Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai. Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons. Larme Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, Je buvais, accroupi dans quelque bruyère Entourée de tendres bois de noisetiers, Par un brouillard d'après-midi tiède et vert. Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise, Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel ouvert. Que tirais-je à la gourde de colocase ? Quelque liqueur d'or, fade et qui fait suer. Tel, j'eusse été mauvaise enseigne d'auberge. Puis l'orage changea le ciel, jusqu'au soir. Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches, Des colonnades sous la nuit bleue, des gares. L'eau des bois se perdait sur des sables vierges, Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares... Or ! tel qu'un pêcheur d'or ou de coquillages, Dire que je n'ai pas eu souci de boire ! Mai 1872. La rivière de Cassis La Rivière de Cassis roule ignorée En des vaux étranges La voix de cent corbeaux l'accompagne, vraie Et bonne voix d'anges Avec les grands mouvements des sapinaies Quand plusieurs vents plongent. Tout roule avec des mystères révoltants De campagnes d'anciens temps, De donjons visités, de parcs importants C'est en ces bords qu'on entend Les passions mortes des chevaliers errants Mais que salubre est le vent ! Que le piéton regarde à ces claires-voies Il ira plus courageux. Soldats des forêts que le Seigneur envoie, Chers corbeaux délicieux ! Faites fuir d'ici le paysan matois Qui trinque d'un moignon vieux. Mai 1872. Comédie de la soif 1. LES PARENTS Nous sommes tes Grands-Parents, Les Grands ! Couverts des froides sueurs De la lune et des verdures. Nos vins secs avaient du coeur ! Au soleil sans imposture Que faut-il à l'homme ? boire. MOI - Mourir aux fleuves barbares. Nous sommes tes Grands-Parents Des champs. L'eau est au fond des osiers Vois le courant du fossé Autour du Château mouillé. Descendons en nos celliers ; Après, le cidre et le lait. MOI - Aller où boivent les vaches. Nous sommes tes Grands-Parents ; Tiens, prends Les liqueurs dans nos armoires ; Le Thé, le Café, si rares, Frémissent dans les bouilloires. - Vois les images, les fleurs. Nous rentrons du cimetière. MOI - Ah ! tarir toutes les urnes ! 2. L'ESPRIT Eternelles Ondines, Divisez l'eau fine. Vénus, soeur de l'azur, Emeus le flot pur. Juifs errants de Norwège, Dites-moi la neige. Anciens exilés chers, Dites-moi la mer. MOI - Non, plus ces boissons pures, Ces fleurs d'eau pour verres ; Légendes ni figures Ne me désaltèrent ; Chansonnier, ta filleule C'est ma soif si folle Hydre intime sans gueules Qui mine et désole. 3. LES AMIS Viens, les Vins vont aux plages, Et les flots par millions ! Vois le Bitter sauvage Rouler du haut des monts ! Gagnons, pèlerins sages, L'Absinthe aux verts piliers... MOI - Plus ces paysages. Qu'est l'ivresse, Amis ? J'aime autant, mieux, même, Pourrir dans l'étang, Sous l'affreuse crème, Près des bois flottants. 4. LE PAUVRE SONGE Peut-être un Soir m'attend Où je boirai tranquille En quelque vieille Ville, Et mourrai plus content Puisque je suis patient ! Si mon mal se résigne, Si j'ai jamais quelque or, Choisirai-je le Nord Ou le Pays des Vignes ?... - Ah songer est indigne Puisque c'est pure perte ! Et si je redeviens Le voyageur ancien Jamais l'auberge verte Ne peut bien m'être ouverte. 5. CONCLUSION Les pigeons qui tremblent dans la prairie, Le gibier, qui court et qui voit dans la nuit, Les bêtes des eaux, la bête asservie, Les derniers papillons !... ont soif aussi. Mais fondre où fond ce nuage sans guide, - Oh ! favorisé de ce qui est frais ! Expirer en ces violettes humides Dont les aurores chargent ces forêts ? Mai 1872. Bonne pensée du matin A quatre heures du matin, l'été, Le Sommeil d'amour dure encore. Sous les bosquets l'aube évapore L'odeur du soir fêté. Mais là -bas dans l'immense chantier Vers le soleil des Hespérides, En bras de chemise, les charpentiers Déjà s'agitent. Dans leur désert de mousse, tranquilles, Ils préparent les lambris précieux Où la richesse de la ville Rira sous de faux cieux. Ah ! pour ces Ouvriers charmants Sujets d'un roi de Babylone, Vénus ! laisse un peu les Amants, Dont l'âme est en couronne. O Reine des Bergers ! Porte aux travailleurs l'eau-de-vie, Pour que leurs forces soient en paix En attendant le bain dans la mer, à midi. Mai 1872. FÊTES DE LA PATIENCE Bannières de mai Aux branches claires des tilleuls Meurt un maladif hallalli. Mais des chansons spirituelles Voltigent parmi les groseilles. Que notre sang rie en nos veines, Voici s'enchevêtrer les vignes Le ciel est joli comme un ange, L'azur et l'onde communient. Je sors. Si un rayon me blesse Je succomberai sur la mousse. Qu'on patiente et qu'on s'ennuie C'est trop simple. Fie de mes peines. Je veux que l'été dramatique Me lie à son char de fortune. Que par toi beaucoup, ô Nature, - Ah moins seul et moins nul ! - je meure. Au lieu que les Bergers, c'est drôle, Meurent à peu près par le monde. Je veux bien que les saisons m'usent. A toi, Nature, je me rends ; Et ma faim et toute ma soif. Et, s'il te plaÃt, nourris, abreuve. Rien de rien ne m'illusionne ; C'est rire aux parents, qu'au soleil, Mais moi je ne veux rire à rien ; Et libre soit cette infortune. Mai 1872. Chanson de la plus haute tour Oisive jeunesse A tout asservie, Par délicatesse J'ai perdu ma vie. Ah ! Que le temps vienne Où les coeurs s'éprennent. Je me suis dit laisse, Et qu'on ne te voie Et sans la promesse De plus hautes joies. Que rien ne t'arrête, Auguste retraite. J'ai tant fait patience Qu'à jamais j'oublie ; Craintes et souffrances Au cieux sont parties. Et la soif malsaine Obscurcit mes veines. Ainsi la Prairie A l'oubli livrée, Grandie, et fleurie D'encens et d'ivraies Au bourdon farouche De cent sales mouches. Ah ! Mille veuvages De la si pauvre âme Qui n'a que l'image De la Notre-Dame ! Est-ce que l'on prie La Vierge Marie ? Oisive jeunesse A tout asservie, Par délicatesse J'ai perdu ma vie. Ah ! Que le temps vienne Où les coeurs s'éprennent ! Mai 1872. L'éternité Elle est retrouvée. Quoi ? - L'Eternité. C'est la mer allée Avec le soleil. Ame sentinelle, Murmurons l'aveu De la nuit si nulle Et du jour en feu. Des humains suffrages, Des communs élans Là tu te dégages Et voles selon. Puisque de vous seules, Braises de satin, Le Devoir s'exhale Sans qu'on dise enfin. Là pas d'espérance, Nul orietur, Science avec patience, Le supplice est sûr. Elle est retrouvée. Quoi ? - L'Eternité. C'est la mer allée Avec le soleil. Mai 1872. Âge d'or Quelqu'une des voix Toujours angélique - Il s'agit de moi - Vertement s'explique Ces mille questions Qui se ramifient N'amènent, au fond, Qu'ivresse et folie ; Reconnais ce tour Si gai, si facile Ce n'est qu'onde, flore, Et c'est ta famille ! Puis elle chante. O Si gai, si facile, Et visible à l'oeil nu... - Je chante avec elle, - Reconnais ce tour Si gai, si facile, Ce n'est qu'onde, flore, Et c'est ta famille !...etc... Et puis une Voix - Est-elle angélique ! - Il s'agit de moi, Vertement s'explique ; Et chante à l'instant En soeur des haleines D'un ton Allemand, Mais ardente et pleine Le monde est vicieux ; Si cela t'étonne ! Vis et laisse au feu L'obscure infortune. O ! joli château ! Que ta vie est claire ! De quel Age es-tu, Nature princière De notre grand frère ! etc... Je chante aussi, moi Multiples soeurs ! Voix Pas du tout publiques ! Environnez-moi De gloire pudique...etc... Juin 1872. Jeune ménage La chambre est ouverte au ciel bleu-turquin, Pas de place des coffrets et des huches ! Dehors le mur est plein d'aristoloches Où vibrent les gencives des lutins. Que ce sont bien intrigues de génies Cette dépense et ces désordres vains ! C'est la fée africaine qui fournit La mûre, et les résilles dans les coins. Plusieurs entrent, marraines mécontentes, En pans de lumière dans les buffets, Puis y restent ! le ménage s'absente Peu sérieusement, et rien ne se fait. Le marié a le vent qui le floue Pendant son absence, ici, tout le temps. Même des esprits des eaux, malfaisants Entrent vaguer aux sphères de l'alcôve. La nuit, l'amie oh ! la lune de miel Cueillera leur sourire et remplira De mille bandeaux de cuivre le ciel. Puis ils auront affaire au malin rat. - S'il n'arrive pas un feu follet blême, Comme un coup de fusil, après des vêpres. - O spectres saints et blancs de Bethléem, Charmez plutôt le bleu de leur fenêtre ! 27 juin 1872. Bruxelles Juillet, Boulevard du Régent. Plates-bandes d'amarantes jusqu'à L'agréable palais de Jupiter. - Je sais que c'est Toi qui, dans ces lieux, Mêles ton Bleu presque de Sahara ! Puis, comme rose et sapin du soleil Et liane ont ici leur jeux enclos, Cage de la petite veuve !... Quelles Troupes d'oiseaux, ô iaio, iaio !... - Calmes maisons, anciennes passions ! Kiosque de la Folle par affection. Après les fesses des rosiers, balcon Ombreux et très bas de la Juliette. - La Juliette, ça rappelle l'Henriette, Charmante station du chemin de fer, Au coeur d'un mont, comme au fond d'un verger Où mille diables bleus dansent dans l'air ! Banc vert où chante au paradis d'orage, Sur la guitare, la blanche Irlandaise. Puis, de la salle à manger guyanaise, Bavardage des enfants et des cages. Fenêtre du duc qui fais que je pense Au poison des escargots et du buis Qui dort ici-bas au soleil. Et puis C'est trop beau ! trop ! Gardons notre silence. - Boulevard sans mouvement ni commerce, Muet, tout drame et toute comédie, Réunion des scènes infinie, Je te connais et t'admire en silence. Est-elle almée ?... Est-elle almée ?... aux premières heures bleues Se détruira-t-elle comme les fleurs feues... Devant la splendide étendue où l'on sente Souffler la ville énormément florissante ! C'est trop beau ! c'est trop beau ! mais c'est nécessaire - Pour la Pêcheuse et la chanson du Corsaire, Et aussi puisque les derniers masques crurent Encore aux fêtes de nuit sur la mer pure ! Juillet 1872. Fêtes de la faim Ma faim, Anne, Anne, Fuis sur ton âne. Si j'ai du goût, ce n'est guères Que pour la terre et les pierres Dinn ! dinn ! dinn ! dinn ! je pais l'air, Le roc, les Terres, le fer. Tournez, les faims ! paissez, faims, Le pré des sons ! L'aimable et vibrant venin Des liserons ; Les cailloux qu'un pauvre brise, Les vieilles pierres d'églises, Les galets, fils des déluges, Pains couchés aux vallées grises ! Mes faims, c'est les bouts d'air noir ; L'azur sonneur ; - C'est l'estomac qui me tire. C'est le malheur. Sur terre ont paru les feuilles Je vais aux chairs de fruits blettes, Au sein du sillon je cueille La doucette et la violette. Ma faim, Anne, Anne ! Fuis sur ton âne. Août 1872. Qu'est-ce pour nous... Qu'est-ce pour nous, mon coeur, que les nappes de sang Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris De rage, sanglots de tout enfer renversant Tout ordre ; et l'Aquilon encor sur les débris ; Et toute vengeance ? Rien !... - Mais si, toute encor, Nous la voulons ! Industriels, princes, sénats Périssez ! puissance, justice, histoire à bas ! Ca nous est dû. Le sang ! le sang ! la flamme d'or ! Tout à la guerre de la vengeance, à la terreur, Mon esprit ! Tournons dans la morsure Ah ! passez, Républiques de ce monde ! Des empereurs, Des régiments, des colons, des peuples, assez ! Qui remuerait les tourbillons de feu furieux, Que nous et ceux que nous nous imaginons frères ? A nous, romanesques amis ça va nous plaire. Jamais nous ne travaillerons, ô flots de feux ! Europe, Asie, Amérique, disparaissez. Notre marche vengeresse a tout occupé, Cités et campagnes ! - Nous serons écrasés ! Les volcans sauteront ! Et l'Océan frappé... Oh ! mes amis ! - Mon coeur, c'est sûr, ils sont des frères Noirs inconnus, si nous allions ! Allons ! allons ! O malheur ! je me sens frémir, la vieille terre, Sur moi de plus en plus à vous ! la terre fond. Ce n'est rien ! j'y suis ! j'y suis toujours. Entends comme brame... Entends comme brame près des acacias en avril la rame viride du pois ! Dans sa vapeur nette, vers Phoebé ! tu vois s'agiter la tête de saints d'autrefois... Loin des claires meules des caps, des beaux toits, ces chers Anciens veulent ce philtre sournois... Or ni fériale ni astrale ! n'est la brume qu'exhale ce nocturne effet. Néanmoins ils restent, - Sicile, Allemagne, dans ce brouillard triste et blêmi, justement ! Michel et Christine Zut alors, si le soleil quitte ces bords ! Fuis, clair déluge ! voici l'ombre des routes Dans les saules, dans la vieille cour d'honneur, L'orage d'abord jette ses larges gouttes. O cent agneaux, de l'idylle soldats blonds, Des aqueducs, des bruyères amaigries, Fuyez ! plaine, déserts, prairie, horizons Sont à la toilette rouge de l'orage ! Chien noir, brun pasteur dont le manteau s'engouffre, Fuyez l'heure des éclairs supérieurs ; Blond troupeau, quand voici nager ombre et soufre, Tâchez de descendre à des retraits meilleurs. Mais moi, Seigneur ! voici que mon esprit vole, Après les cieux glacés de rouge, sous les Nuages célestes qui courent et volent Sur cent Solognes longues comme un railway. Voilà mille loups, mille graines sauvages Qu'emporte, non sans aimer les liserons, Cette religieuse après-midi d'orage Sur l'Europe ancienne où cent hordes iront ! Après le clair de lune ! partout la lande, Rougissant leurs fronts aux cieux noirs, les guerriers Chevauchent lentement leurs pâles coursiers ! Les cailloux sonnent sous cette fière bande ! Et verrai-je le bois jaune et le val clair, L'Epouse aux yeux bleus, l'homme au front rouge, ô Gaule, Et le blanc Agneau Pascal, à leurs pieds chers, - Michel et Christine, - et Christ ! fin de l'Idylle. Honte Tant que la lame n'aura Pas coupé cette cervelle, Ce paquet blanc, vert et gras, A vapeur jamais nouvelle, Ah ! Lui, devrait couper son Nez, sa lèvre, ses oreilles, Son ventre ! et faire abandon De ses jambes ! ô merveille ! Mais, non ; vrai, je crois que tant Que pour sa tête la lame, Que les cailloux pour son flanc, Que pour ses boyaux la flamme, N'auront pas agi, l'enfant Gêneur, la si sotte bête, Ne doit cesser un instant De ruser et d'être traÃtre, Comme un chat des Monts-Rocheux, D'empuantir toutes sphères ! Qu'à sa mort pourtant, ô mon Dieu ! S'élève quelque prière ! Mémoire I L'eau claire ; comme le sel des larmes d'enfance, L'assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes ; la soie, en foule et de lys pur, des oriflammes sous les murs dont quelque pucelle eut la défense ; l'ébat des anges ; - Non... le courant d'or en marche, meut ses bras, noirs, et lourds, et frais surtout, d'herbe. Elle sombre, ayant le Ciel bleu pour ciel-de-lit, appelle pour rideaux l'ombre de la colline et de l'arche. II Eh ! l'humide carreau tend ses bouillons limpides ! L'eau meuble d'or pâle et sans fond les couches prêtes. Les robes vertes et déteintes des fillettes font les saules, d'où sautent les oiseaux sans brides. Plus pure qu'un louis, jaune et chaude paupière, le souci d'eau - ta foi conjugale, ô l'Epouse ! - au midi prompt, de son terne miroir, jalouse au ciel gris de chaleur la Sphère rose et chère. III Madame se tient trop debout dans la prairie prochaine où neigent les fils du travail ; l'ombrelle aux doigts ; foulant l'ombelle ; trop fière pour elle ; des enfants lisant dans la verdure fleurie leur livre de maroquin rouge ! Hélas, Lui, comme mille anges blancs qui se séparent sur la route, s'éloigne par-delà la montagne ! Elle, toute froide, et noire, court ! après le départ de l'homme ! IV Regret des bras épais et jeunes d'herbe pure ! Or des lunes d'avril au coeur du saint lit ! Joie des chantiers riverains à l'abandon, en proie aux soirs d'août qui faisaient germer ces pourritures ! Qu'elle pleure à présent sous les remparts ! l'haleine des peupliers d'en haut est pour la seule brise. Puis, c'est la nappe, sans reflets, sans source, grise un vieux, dragueur, dans sa barque immobile, peine. V Jouet de cet oeil d'eau morne, je n'y puis prendre, ô canot immobile ! oh! bras trop courts ! ni l'une ni l'autre fleur ni la jaune qui m'importune, là ; ni la bleue, amie à l'eau couleur de cendre. Ah ! la poudre des saules qu'une aile secoue ! Les roses des roseaux dès longtemps dévorées ! Mon canot, toujours fixe ; et sa chaÃne tirée Au fond de cet oeil d'eau sans bords, - à quelle boue ? O saisons, ô châteaux... O saisons, ô châteaux, Quelle âme est sans défauts ? O saisons, ô châteaux, J'ai fait la magique étude Du Bonheur, que nul n'élude. O vive lui, chaque fois Que chante son coq gaulois. Mais ! je n'aurai plus d'envie, Il s'est chargé de ma vie. Ce Charme ! il prit âme et corps, Et dispersa tous efforts. Que comprendre à ma parole ? Il fait qu'elle fuie et vole ! O saisons, ô châteaux ! Et, si le malheur m'entraÃne, Sa disgrâce m'est certaine. Il faut que son dédain, las ! Me livre au plus prompt trépas ! - O Saisons, ô Châteaux ! Le loup criait... Le loup criait sous les feuilles En crachant les belles plumes De son repas de volailles Comme lui je me consume. Les salades, les fruits N'attendent que la cueillette; Mais l'araignée de la haie Ne mange que des violettes. Que je dorme ! que je bouille Aux autels de salomon. Le bouillon court sur la rouille, Et se mêle au Cédron. Rêve On a faim dans la chambrée - C'est vrai... Emanations, explosions. Un génie "Je suis le gruère ! - Lefêbvre "Keller !" Le génie "Je suis le Brie ! - Les soldats coupent sur leur pain "C'est la vie ! Le génie. - "Je suis le Roquefort ! - "Ca s'ra not' mort !... Je suis le gruère Et le Brie !... etc. Valse On nous a joints, Lefêbvre et moi, etc. Les parasites externes chez nos lapins et petits rongeurs de compagnie sont malheureusement très fréquents et ne se déclarent parfois que plusieurs mois après l’achat ! Qu’il s’agisse d’acariens comme les gales, de poux ou plus rarement de puces, ils entraînent le plus souvent des démangeaisons et des problèmes de peau importants pour notre petit compagnon et sont parfois contagieux pour nous humains. Venez avec nous, Dogteur vous propose une petite visite au pays des vilaines petites bêtes... Quels sont les parasites externes chez les rongeurs et lapins ? Commençons par les plus petits mais pas moins méchants Les Acariens Ils sont souvent spécifiques à une espèce et se transmettent, le plus souvent, par contact chez l’éleveur ou à l’animalerie. Ainsi, il y a la gale des oreilles du lapin Psoroptes cuniculi, qui est très fréquente ou la gale du Cobaye Trixacarus caviae qui provoque des démangeaisons intenses parfois longtemps après l’acquisition de l’animal. La gale notoédrique, quant à elle, affecte toutes les espèces, en particulier le rat, la souris et le hamster Notoedres muri, où elle affecte d’abord la tête, le bord des oreilles et le museau puis se généralise ; elle est plus rare chez le lapin et le cobaye. Enfin la gale sarcoptique Sarcoptes scabiei atteint surtout le lapin et parfois il y a une contamination croisée avec les chiens et chats voir l’Homme... Dans la même grande famille, les pseudo gales sont agents de grosses démangeaisons pour le lapin Cheyletiella parasitivorax qui peuvent être transmises aux carnivores domestiques et aux cobayes. Cette affection se caractérise aussi par la présence de nombreuses pellicules. Les souris sont aussi très affectées par deux agents de pseudo gales Mycoptes musculinus et Myobia musculi qui prolifèrent lorsqu’elles sont fatiguées ou stressées. C’est parfois tragique malheureusement. Mais ce n’est pas tout... Viennent ensuite les insectes, un petit peu plus gros Les puces sont assez rares et souvent apportées par le chien ou le chat... Les poux, quant à eux, sont très fréquents chez les petits rongeurs en particulier, chez qui ils sont assez bien supportés et n’apparaissent parfois que plusieurs années après l’acquisition. Il y a deux types de poux les poux piqueurs, qui piquent pour faire un repas de sang on les appelle hématophages comme ceux du lapin Haemodipsus ventricosus ou des rats et souris genre Polyplax et les poux broyeurs, qui se nourrissent des débris de peu et poils, comme Gliricola chez le cobaye , mais qui n’en sont pas moins gênants. Bien entendu, c’est dans les élevages qu’il y a le plus de problèmes de prolifération et nos petits animaux sont fréquemment contaminés à l’achat sans que personne ne s’en rende compte ! Comment protéger son rongeur et lapin de ces parasites ? Lors de l’achat, il est important de bien examiner votre nouveau compagnon en faisant attention aux croûtes, rougeurs et/ou pellicules qui doivent vous alerter. Observer les animaux quelques minutes dans leur box avant l’achat est un bon réflexe ; les animaux qui se grattent souvent doivent vous rendre méfiant. En cas de doute, une visite chez le vétérinaire s’impose. Il effectuera les examens nécessaires examen des poils, d’un ruban de scotch appliqué sur la peau, d’un grattage cutané si besoin et fera une prescription d’un traitement approprié. Voici quelques conseils utiles Lors de l’arrivée à la maison, vous pouvez lui vaporiser Spraygal une fois par semaine en prévention pendant deux mois Pour les poux, un poudrage sera efficace s’il est renouvelé régulièrement Mais le mieux sera encore des pipettes ! Sans oublier les indispensables vitamines distribuées régulièrement car être en bonne santé limite la prolifération des parasites et ses conséquences. Et la désinfection régulière de la cage et du matériel ! Dr Odile Fage, vétérinaire et rédactrice L’invasion de pucerons menace ? Ou ils ont déjà élu domicile sur les plantes et les rosiers ? Il ne faut pas s’alerter pour quelques bestioles. Mais s’ils deviennent trop envahissants, on peut s’en débarrasser facilement sans recourir à des pesticides nocifs pour la santé et l’environnement. Il existe des astuces préventives ou des traitements naturels, écologiques et efficaces. Sommaire Attirer leurs prédateurs naturels Le perce-oreille La coccinelle Avant de traiter, s’assurer de ce sont bien des pucerons Réduire les colonies de façon mécanique Poser des rubans anti-fourmis Projeter de la cendre de bois Traiter avec des recettes maison Pulvériser une solution à base de savon noir - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1. Attirer leurs prédateurs naturels Dans la nature, la plupart des insectes possèdent des prédateurs. Heureusement pour le jardinier, les chasseurs de pucerons sont faciles à favoriser. Ainsi, les coccinelles, syrphes, chrysopes et perce-oreilles dévoreront les colonies de façon naturelle. Favoriser la biodiversité est le meilleur moyen d’attirer ces insectes auxiliaires. On leur prévoit des petits coins sympas pour s’installer, on plante des végétaux indigènes, on pose des abris… > Voir nos 8 idées pour favoriser la biodiversité au jardin. Le perce-oreille On l’appelle aussi pince-oreille ou forficule. Cet insecte est loin d’être le plus populaire et, pourtant, c’est un grand amateur de Jean-Daniel Echenard [CC-BY-ND] Au début du printemps, on construit un pot-abri pour les perce-oreilles Se munir d’un pot en terre cuite ayant un petit trou dans le fond. Faire un nœud dans une corde et la glisser à travers le trou, de l’intérieur vers l’extérieur, de façon à pouvoir tenir le pot à l’envers par la corde. Remplir le pot de paille. Pour maintenir la paille dans le pot, poser un grillage sur l’ouverture ou accrocher quelques bâtons en travers de l’ouverture. On peut s’aider de fil de fer pour maintenir le tout solidement. Suspendre le pot à l’envers dans une haie ou le poser sur le sol pour que des pince-oreilles grimpent à l’intérieur et y élisent domicile. À partir de juin, on déplace le pot habité dans les zones proches des pucerons, au gré des besoins. Les pince-oreilles iront chasser les pucerons proches de leur pot-abri. La coccinelle La coccinelle est une grande amatrice de pucerons. Un jardin bien équilibré accueille souvent ces insectes utiles au jardinier. Pour les encourager à élire domicile chez soi, on peut disposer des petits tas de branchage ou de feuilles mortes à divers endroits du jardin. Les coccinelles y passeront l’hiver à l’abri. On pourra enlever ces abris du jardin seulement à partir de mars. conserver des plantes à fleurs comme les pâquerettes, le pissenlit, la tanaisie, la berce commune... Les coccinelles se nourrissent de leur pollen au printemps et en fin d’été, quand les pucerons sont rares. laisser s’épanouir quelques colonies de pucerons pour garantir assez de ressources aux coccinelles. Pas besoin de leur sacrifier les fleurs et légumes du jardin, quelques plants d’ortie et une haie indigène attireront des espèces de pucerons bien spécifiques. Si on est envahi de pucerons, on peut également acheter des larves de coccinelles dans le commerce. On privilégie bien sûr les espèces indigènes, comme la coccinelle à deux points Adalia bipunctata. On évite absolument l’espèce asiatique Harmonia axyridis qui est très vorace et se nourrit d’autres coccinelles. Larve de J-Luc [CC-BY-SA] 2. Avant de traiter, s’assurer de ce sont bien des pucerons Les pucerons sont de petits insectes de couleur verte, noire... Leur taille dépasse rarement 4 mm. Assemblés en colonies, ils piquent et sucent de nombreuses plantes du jardin pour boire leur sève. Ils fragilisent les végétaux ils ralentissent leur croissance, leurs feuilles se déforment et ils peuvent attraper des maladies. 3. Réduire les colonies de façon mécanique Les boutons de rose sont envahis de pucerons ? On peut disperser les colonies à l’aide d’un jet d’eau. Un simple jet du tuyau d’arrosage suffit. Les colonies ainsi éclatées ont du mal à se reconstruire. Bouton de rosier envahi de Jamain [CC-BY-SA] En cas de grandes colonies, on peut aussi couper la branche atteinte. Attention de dégainer son sécateur seulement quand le problème devient trop important, sous peine d’affaiblir les végétaux. On dépose ensuite la branche dans un endroit du jardin où les pucerons ne sont pas un problème. Pour les courageux, on peut aussi écraser les pucerons avec les doigts quand c’est possible. 4. Poser des rubans anti-fourmis Si les pucerons ont des prédateurs, certains insectes les protègent au contraire. C’est le cas des fourmis qui les élèvent véritablement pour leur production sucrée, le miellat. Très friandes de cette gourmandise, les fourmis prennent soin des pucerons jusqu’à les déplacer quand la sève vient à manquer et éloigner leurs prédateurs. De la même façon qu’un berger tient le loup éloigné de ses moutons. Pas facile pour une larve de coccinelle de dîner dans ces conditions ! Pour laisser la place libre aux prédateurs, on peut placer des bandes de glu autour des végétaux sensibles aux pucerons, comme les arbres fruitiers. Elles formeront une barrière difficile à traverser entre les colonies de fourmis du sol et les pucerons. On veille aussi à privilégier les glus à base d’ingrédients naturels cires, résines… ; placer le ruban assez haut pour éviter que les fourmis trouvent un autre accès herbe haute, branche d’un arbre mitoyen…. 5. Projeter de la cendre de bois Sur les colonies de pucerons importantes, on peut utiliser la cendre de bois. On privilégie la cendre fraîche, récupérée en fin de saison dans son poêle ou sa cheminée, et on porte des gants. La cendre est facile à utiliser. On en saupoudre un peu sur les colonies de pucerons pour les éliminer. On renouvelle l’opération après quelques jours si nécessaire. 6. Traiter avec des recettes maison Plusieurs recettes maison sont faciles à concocter à partir de végétaux du jardin. Elles sont écologiques et économiques. Par exemple une infusion d’ortie ou de tanaisie ; une macération d’ail, de piment ou de fougère ; un purin de fougère ou de tanaisie ; une décoction de rhubarbe. Selon la recette, on pulvérise ou on arrose le mélange sur les plantes colonisées par les pucerons. 7. Pulvériser une solution à base de savon noir En dernier recours, on peut utiliser du savon noir contre les pucerons. Ce savon naturel est composé d’huile d’olive ou de lin. Bien que biodégradable, le savon noir est actif sur de nombreux insectes qu’il asphyxie à son contact. On utilise cette solution seulement si les autres moyens n’ont pas fonctionné et en l’absence d’autres insectes utiles abeilles par exemple. La recette est très simple Diluer 75 ml de savon noir liquide ou 20 g de savon noir en pâte dans un litre d’eau. Utiliser de l’eau tiède pour faire fondre la version pâte. Placer le mélange dans un vaporisateur. Vaporiser sur les colonies de pucerons. L’opération peut être répétée après 8 jours si besoin. Sources et pour en savoir plus Comment éviter les pesticides au jardin et au potager ? Brochure C'est toujours les p'tits qu'on pschiiit ! Petit guide pour éviter les pesticides à la maison et au jardin 8 conseils pour préparer un jardin écologique L’asbl adalia Si vos plantes ont bien un ennemi redoutable, ce sont bien les cochenilles. Farineuses, blanches ou à carapaces, les cochenilles sont des parasites qui s’attaquent au feuillage et aux tiges de vos plantes, les empêchant ainsi de bien se développer. Découvrez comment éradiquer les cochenilles avec le savon de Marseille et le vinaigre quelles conditions les cochenilles se développent-elles ?Quelles conséquences sur la plante ?Comment éradiquer les cochenilles ?Pour fabriquer un spray anti-cochenille naturelQuelles sont les plantes les plus touchées par les cochenilles ?Prévenir une attaque de cochenillesLes cochenilles sont des parasites qui peuvent attaquer vos plantes vertes d’intérieur, mais aussi les plantes de jardin, les arbustes et les arbres fruitiers de votre verger, nuisant ainsi à leur bonne – Source spmDans quelles conditions les cochenilles se développent-elles ?Les cochenilles aiment l’humidité et la chaleur. Et donc si vous brumisez en excès le feuillage de votre plante ou que votre intérieur souffre d’humidité ou d’un manque d’aération, vous risquez de retrouver des cochenilles sur votre cochenilles sont également fréquentes en printemps, ou en été, même sur les plantes de jardin, lorsque les températures sont élevées, et que l’humidité de l’air extérieur est plus conséquences sur la plante ?On retrouve les cochenilles sur la face intérieure des feuilles ou sur les jeunes pousses. Ce sont les cochenilles femelles qui s’attaquent aux plantes. En effet, si les cochenilles mâles possèdent des ailes, les femelles sont immobiles. Elles vivent donc fixées sur la plante où elles y pondent leurs insectes sont des piqueurs-suceurs qui se nourrissent de la sève des plantes. En pompant sa sève, les cochenilles affaiblissent la plante et altèrent sa croissance. À cela s’ajoute le risque de voir se développer sur la plante un dépôt noir qui ressemble à de la suie, appelé fumagine. En effet, les cochenilles sécrètent un miellat, une déjection sucrée, qui attire les champignons, mais aussi différentes espèces de fourmis. Cette maladie causée par les champignons est également dangereuse pour les plantes, car le dépôt noir qui recouvre le feuillage bloque la photosynthèse de votre cochenilles sont également nocives pour les arbres fruitiers. En plus de détruire la récolte, elles risquent de condamner votre cochenilles – Source spmVinaigre blanc et savon noirMettez de l’eau dans un flacon pulvérisateur et ajoutez-y une cuillère à café de savon noir liquide et une cuillère à café de vinaigre blanc. Vaporisez ensuite sur les parties infectées de votre plante, matin et soir. Évitez d’utiliser cet insecticide naturel sur votre plante en pleine journée, pour ne pas la brûler avec le soleil. Renouvelez cette opération quotidiennement jusqu’à éradication complète des cochenilles. Notez que le vinaigre blanc est également efficace pour lutter contre les pucerons et le de MarseilleDiluez dans un demi litre d’eau de pluie, non calcaire, une cuillère à soupe de savon de Marseille liquide et une cuillère à soupe de savon noir liquide. Après dissolution complète du savon, ajoutez à votre solution 2 cuillères à soupe d’alcool à 70°. À l’aide d’un pinceau, appliquez ce mélange sur la carapace des cochenilles pour ne pas agresser votre plante, surtout s’il s’agit des orchidées. Cet insecticide risquerait en effet de tacher les fleurs et de brûler certaines racines. Au bout de quelques jours, vous allez remarquer que les cochenilles se sont asséchées, et qu’elles tombent en poussière quand vous les touchez. Ainsi, vous allez vous débarrasser de ces parasites sans faire le moindre mal à votre plante. Notez que vous pouvez très bien remplacer les deux savons par le liquide-vaisselle. L’essentiel est d’avoir une eau autre astuce consiste à dissoudre 50 g de copeaux de savon de Marseille dans 350 ml d’eau chaude. Mélangez jusqu’à dissolution complète du savon. Ensuite, enfilez des gants, imbibez une éponge de cette eau savonneuse et passez-la sur les feuilles infectées de votre plante. Ainsi, vous allez pouvoir enlever les cochenilles, mais aussi le miellat qu’elles déposent sur le fabriquer un spray anti-cochenille naturelMélangez dans 1 litre d’eau, une cuillère à café d’alcool à 90°, une cuillère à café de savon noir liquide et une cuillère à café d’une huile végétale, comme l’huile d’olive. Pulvérisez cette solution sur les parties infestées de votre plante par les cochenilles, une fois durant 3 à 4 jours. Le savon noir est aussi un répulsif naturel contre les araignées rouges, les cochenilles et les sont les plantes les plus touchées par les cochenilles ?La plupart des plantes vertes d’intérieur sont concernées, comme les succulentes, les orchidées, le lilas, l’hibiscus, les rosiers d’intérieur, les arbres fruitiers, les agrumes sont les plus sensibles et vulnérables aux sur succulentes – Source spmPrévenir une attaque de cochenillesCes cochenilles qui attaquent vos plantes d’intérieur ont également leurs prédateurs. Pour prévenir une attaque des cochenilles, sortez votre plante au mois de mai, et placez-la dans un endroit éclairé à mi-ombre. Si des cochenilles viennent parasiter votre plante, elles seront rapidement englouties par les coccinelles, les syrphes et les solutions vous permettront de lutter de façon très efficace contre les cochenilles, pour protéger vos plantes d’intérieur et d’extérieur, mais aussi votre potager, ou votre jardin d’ornement, d’une invasion de ces insectes ravageurs. Lire aussi Comment éliminer les fourmis et les cochenilles qui ravagent les plantes ?

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